À quand une école secondaire et de nouveaux espaces pour le primaire à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier?

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Par Pierre Paquet
À quand une école secondaire et de nouveaux espaces pour le primaire à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier?
On retrouve quatre classes modulaires à l'école des Explorateurs. (Photo : Pierre Paquet)

S’il y a un projet que le maire de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, Pierre Dolbec, défend avec détermination et la plus grande énergie, c’est bien celui de la construction d’une école secondaire dans sa ville.

Évoqué depuis 2017, puis annoncé en grande pompe par la ministre Geneviève Guilbault en mai 2022, ce projet de construction a été  » mis sur pause  » en décembre dernier par le ministère de l’Éducation. Le projet initial consistait à bâtir, au coût de 50 millions de $, une école pouvant accueillir plus de 800 élèves de la 1re à la 5e secondaire, et ce, tout près de l’école primaire des Explorateurs.

Des années de retard

Lors d’entrevues qu’il a accordées au Courrier de Portneuf, le maire Dolbec a notamment fait le tour des tenants et aboutissants de ce projet qui, à sa grande exaspération, se trouve encore une fois retardé.

 » Ça fait deux ans qu’ils nous retardent. En décembre dernier, ils nous ont retardés d’encore six mois, donc une année scolaire. Ce qui fait un retard de trois ans. Il y a de jeunes familles qui pensent s’établir ici, mais qui ne viennent pas parce qu’ils savent que l’école secondaire ne sera pas prête « , de préciser M.Dolbec.

 » Manque de respect pour les enfants « 

L’annonce de 2022 prévoyait une ouverture pour la rentrée scolaire de 2027. On est en droit de se demander quand une école secondaire à Sainte-Catherine1 accueillera sa première cohorte d’élèves.

À Sainte-Catherine, les élèves peuvent compléter les secondaires 1 et 2 au pavillon Saint-Denys-Garneau. Par la suite, entre 450 et 500 élèves poursuivent leur parcours secondaire à Québec, pour la plupart à l’école de la Camaradière située dans le quartier Les Saules. Ils doivent, l’hiver, effectuer un trajet d’une heure et demie en autobus, et ce, matin et soir.  » On demande aux jeunes de passer trois heures dans les autobus pendant la journée. Ils arrivent à la maison après l’heure du souper. Ça n’a pas de maudit sens. C’est un manque de respect total pour les enfants « , clame le maire Dolbec.

Écoles qui débordent

Étant donné une importante croissance de la population à Sainte-Catherine – population composée en très grande proportion de jeunes familles -, les trois écoles primaires sont remplies au maximum de leur capacité.

Rappelons qu’en décembre, c’est une centaine de projets d’ajout d’espaces scolaires (constructions d’écoles et agrandissements) que le gouvernement du Québec a mis sur pause. Parmi ces projets, on compte les agrandissements de deux écoles primaires de Sainte-Catherine.

À l’école primaire Saint-Denys-Garneau, qui accueille 637 élèves, on manque d’espace à tel point que l’on y retrouve des roulottes, pour les 140 élèves de secondaire I et II. Il y a un agrandissement planifié, mais retardé.

Il y a aussi un agrandissement planifié pour l’école primaire des Explorateurs fréquentée par 575 élèves,  » la seule qu’on peut agrandir sur le sens du monde parce qu’il y a un terrain disponible « , souligne le maire. On y retrouve quatre classes modulaires. Un agrandissement y était prévu; tout fut arrêté.

Quant à l’école Jacques-Cartier, le maire affirme qu’on  » ne peut pas y toucher. Il n’y a pas de place et elle est en zone inondable « .

 » S’ils ne sont pas assez brillants pour voir tout ce qui se passe avec les trois écoles, je ne sais pas ce que ça va leur prendre « , d’affirmer le maire de Sainte-Catherine.

D’importants projets résidentiels sont en développement à Sainte-Catherine. Ici, un entrepreneur construit 20 bâtiments. Photo : Pierre Paquet

Développements immobiliers

Tout près de l’école primaire des Explorateurs, il y a un ensemble résidentiel majeur, celui du Boisé Natura qui totalisera près de 700 adresses civiques. Si on ajoute à cela les projets de deux autres entrepreneurs, c’est près de 900 nouvelles portes qui auront bientôt été ajoutées à Sainte-Catherine. Le maire Dolbec ajoute qu’auparavant,  » on avait peu de multilogements, maintenant on en a beaucoup « .

Besoins accrus au secondaire

L’école secondaire a d’abord été planifiée pour recevoir de 650 à 700 jeunes.  » Puis, les gens du Centre de services scolaires m’ont dit que ça prendrait le double du terrain parce qu’ils calculaient jusqu’à 850 étudiants. Là, on est rendu à 1040 et ils ont déjà informé le ministère de l’Éducation qu’ils ont intérêt à commencer à travailler pour préapprouver un autre agrandissement. Originellement, des élèves de Val-Bélair et de Shannon devaient venir à Sainte-Catherine. Ils ne viennent même plus. Ça va être exclusivement des élèves d’ici. Ça donne une idée qu’en trois ans, ça a évolué, ce dossier-là « .

 » Une catastrophe pour les enfants « 

Le maire Dolbec qualifie de catastrophe  » pour l’éducation de nos jeunes à Sainte-Catherine « , l’addition des retards dans la construction d’une école secondaire.  » Ça les défavorise versus ce qu’on retrouve ailleurs. Ça fait des années qu’on dit à l’ancienne commission scolaire, au Centre de services scolaires et au gouvernement – et je l’ai dit au député Éric Caire, et quelques fois à Jonathan Julien (ministre responsable de  la région de la Capitale-Nationale),- : « Sainte-Catherine est probablement la municipalité qui connaît la progression la plus élevée, à tous les niveaux ». Augmentation de la population, du développement commercial et des jeunes familles. Les gens arrivent dans le Boisé Natura : ils tiennent un enfant par la main, la madame est enceinte. Puis la première chose que tu sais, un an après, c’est qu’ils sont rendus à trois enfants dans la cour. Ce sont de jeunes familles qui s’en viennent ici. Notre municipalité est à proximité de Québec et elle offre de belles facilités, dont des services de proximité: restauration, épiceries, services bancaires, etc. Qu’est-ce que vous pensez qui arrive? Les gens de Québec qui veulent vivre plus près de la nature s’en viennent ici. Lorsqu’il y a eu la première annonce d’une école secondaire, il y a des familles qui ont aménagé ici parce qu’ils se disaient : « Mon enfant va faire le primaire et, rendu au secondaire, l’école sera prête » « .

À l’école Saint-Denys-Garneau, 140 élèves des première et deuxième secondaire suivent leurs cours dans des classes modulaires. Photo : Pierre Paquet

Efforts constants de la part du maire

Deux fois par année, le maire Dolbec rencontre des responsables des services scolaires pour les informer quant à la croissance de la population de sa ville. Il revient sur certaines de ces rencontres :  » Quand je me suis battu pour avoir une école secondaire, ils affirmaient qu’on n’avait pas assez d’enfants. Je leur disais : « ça ne marche pas, votre affaire ». Ils répondaient : « vous avez une moyenne de trois quarts d’enfant par porte ». J’ai dit : « pardon? » On a donc fait des sondages par téléphone et on a constaté qu’il y avait deux enfants par famille lorsqu’elles venaient s’établir ici. Je suis retourné avec ces données et je leur ai dit : « Vous vous êtes réellement fourvoyés. Vos statistiques ne marchent pas ». Ils ont refait leur travail. C’est là qu’ils ont dit : « Oui, on va la donner l’école ».

Des besoins aussi au primaire

Le maire raconte comment s’est déroulée une de ces rencontres : « Quand j’ai informé la responsable des planifications qu’il y avait dorénavant trois enfants par adresse civique à Sainte-Catherine, elle m’a répondu : M. Dolbec, ça ne marche plus. Les deux écoles primaires sont pleines et l’école fréquentée par des élèves de première et deuxième secondaire est aussi pleine. Ils ont conclu que ça prenait un plus grand terrain pour la future école secondaire. On a donc été obligé d’exproprier; ce qui nous a coûté 2,4 millions $ ».

Continuer à se battre

Sa décision d’être à nouveau candidat au poste de maire aux élections de novembre prochain, Pierre Dolbec l’explique notamment par sa ferme intention de continuer à se battre pour la construction d’une école secondaire dans sa ville. « Mon école secondaire, je veux l’avoir, et j’aimerais bien être là, comme maire, lors de la première pelletée de terre. Et si je suis réélu, je leur souhaite bonne chance : le ministère de l’Éducation va m’avoir dans sa face pendant quatre ans ».  

Le ministre n’a pas le temps

Le 30 avril dernier, lors de l’étude des crédits, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville a affirmé que dans son ministère, les projets d’infrastructures étaient jugés sur la base de cinq critères : « le besoin d’espace, l’évolution de l’effectif, la proportion de la croissance, le développement immobilier et l’emplacement nécessaire pour la scolarisation des élèves ».

De toute évidence, le projet d’une école secondaire à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier répond à ces cinq critères. C’est pourquoi le Courrier de Portneuf désirait profiter du passage du ministre Drainville à Neuville, le 5 mai, afin de lui poser quelques questions à ce sujet. Une demande d’une courte entrevue (environ 10 minutes) a donc été faite à l’attachée de presse de M. Drainville. Celle-ci, après consultation avec le cabinet du ministre, a répondu :  » le ministre n’a pas le temps « .

  1. Pour simplifier la lecture, nous utilisons parfois l’expression Sainte-Catherine au lieu de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier. 

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