Le miracle Spinoza

par Robert Jasmin
Le miracle Spinoza

Oublié pendant longtemps, Baruch Spinoza, maître à penser de personnages comme Einstein, est un philosophe du 17e siècle, précurseur de penseurs venus beaucoup plus tard. Frédéric Lenoir, auteur populaire, lui a consacré un livre très accessible, vite devenu un best-seller, Le miracle Spinoza ( Fayard, 2017 ). En voici quelques citations dans le cadre de mes chroniques d’été.

— Spinoza a pour principale ambition de défendre la liberté de penser. Il dénonce avec force la superstition sur laquelle se fonde trop souvent la religion pour prospérer. (…) C’est parce que la vie est incertaine, faite de hauts et de bas, que nous sommes portés à croire à toutes sortes de fables, qui nous aident à conjurer la crainte et à allumer l’espoir.

— Les prophètes sont-ils capables de communiquer « d’esprit à esprit » avec Dieu ? Nullement, répond Spinoza, passant en revue nombre d’exemples tirés de la Bible. C’est par le biais de l’imagination, et non de l’esprit, que s’exprime le don de prophétie. « Les prophètes ont été doués, non d’une pensée plus parfaite, mais d’un pouvoir d’imagination plus vif. »

— Contrairement à Platon ou à Descartes, Spinoza n’oppose pas la raison et l’affectivité. Le désir mobilise la totalité de notre être, quand la raison et la volonté ne mobilisent que notre esprit : c’est pourquoi la raison a besoins des sentiments pour nous conduire à la sagesse. (…) Ainsi, on ne supprimera pas une haine, un chagrin ou une peur simplement en raisonnant, mais en faisant surgir un amour, une joie, un espoir.

— Ce qui constitue un mal n’est donc pas l’affectivité ou le désir, mais la passivité dans l’affectivité ou le désir. Il s’agit de convertir cette passivité en activité par l’usage de la raison et des sentiments. Il s’agit de convertir nos passions — liées à notre imaginaire et à des idées partielles, tronquées, inadéquates — en actions, c’est-à-dire en affects liés à des idées adéquates. Ainsi, nous ne subissons plus notre affectivité, nous l’instaurons, nous réorientons consciemment nos désirs vers ce qui est plus conforme à notre nature, vers les choses qui nous font grandir, nous mettent dans une joie véritable et durable. (…) La sagesse ne consiste pas à diminuer l’élan vital, la force du désir, mais à les orienter par la raison.

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