« C’est un petit miracle qu’on a créé ensemble ». Cette affirmation, Hélène Fiset la dit avec son coeur. Et aussi avec son choeur, parce que c’est justement de chorale dont on parle. Le 7 juin à l’église Sainte-Agnès de Donnacona, ils étaient une douzaine à unir leurs voix pour célébrer ce petit miracle.
Ce qui caractérise la chorale montée et dirigée par Hélène Fiset, c’est la « différence ». Être différent des autres peut mener à l’isolement. Cette préposée aux enfants handicapés de l’école secondaire a voulu au contraire, faire de cette différence une occasion de se réunir pour l’une des plus belles activités qui soit, chanter.
Hélène Fiset est à l’emploi du Centre de services scolaire. Il y a 15 ans qu’elle travaille avec la différence. Sa classe d’adaptation scolaire comprend des cas légers, moyens et sévères.
Les sortir de leur routine
Des gens nés avec spectre de l’autisme ou un trouble de l’attention et des gens nés avec d’autres problèmes composaient ce groupe. Les jeunes de la classe d’adaptation ont entre 13 et 21 ans, alors que ceux de la classe adaptée pour adulte (FIS) ont 21 ans et plus.
Deux jeunes ne savaient ni lire ni écrire, plusieurs étaient très timides et renfermés au point où certains avaient même de la difficulté à dire bonjour. « J’allais parfois remplacer dans d’autres classes, raconte-t-elle. Je les voyais évoluer et je me disais : Ça serait le fun d’essayer de les sortir un peu de cette académie-là, les sortir de leur routine pour les emmener vers quelque chose de plus à essayer de faire ensemble. » C’est de cette idée qu’est née la chorale de la classe d’adaptation scolaire.
Témoignage
« J’ai eu le touchant témoignage d’une mère qui m’a dit : La chorale a tellement changé ma fille, je n’en reviens pas comment elle a évolué. Elle est moins gênée, elle parle avec le monde, on voit le changement. La chorale lui a offert un tremplin pour s’extérioriser, au point où elle chante tout le temps, maintenant. Elle est heureuse, c’est ça qui est important », commente Mme Fiset.
Comme tout le monde ne pouvait pas toujours être aux pratiques, la cheffe de choeur a décidé d’ajouter un volet communautaire il y a deux ans, soit la chorale La Divergence, dont le nom dit tout. En plus des jeunes, Mme Fiset a aussi accueilli des parents.
« Tant qu’à venir porter leurs enfants, ils se sont dits : Est-ce qu’on peut chanter aussi. »
Hélène Fiset émet le voeu qu’encore d’autres personnes viennent joindre les rangs de la chorale. Photo : Offerte par Hélène Fiset
La Divergence
L’Idée était d’aller chercher d’autres personnes intéressées à chanter mais qui ne sont pas en milieu scolaire, histoire de les sortir de l’isolement, les sortir de chez-eux au moins une fois par semaine pour rencontrer des gens. C’est ainsi que deux mamans et une tante se sont intégrées aux jeunes de la chorale.
En tout, ils sont une quinzaine de choristes. Une douzaine étaient sur scène le 7 juin. La troupe s’est produite à sept reprises l’an dernier, dans les maisons d’aînés et aussi à l’école secondaire de Donnacona.
Hélène Fiset émet le voeu qu’encore d’autres personnes viennent joindre les rangs de la chorale. Ça peut être des gens de 50, 60 ou 70 ans, exprime-t-elle, même s’ils n’ont pas de déficience intellectuelle.
Attachants et disciplinés
La directrice de la chorale n’a que des éloges à faire aux jeunes de l’adaptation scolaire. « Ils sont très disciplinés, c’est surprenant. Ils ont hâte et ils aiment ça. Ils sont tellement attachants, c’est tellement un monde extraordinaire la différence. »
L’après-midi du 7 juin, ils étaient une quarantaine de personnes venues les écouter. Folklore québécois, Mélodie du bonheur, chanson française et québécoise, Dassin, Fugain, Kids United, voilà les envolées musicales de la chorale.
Mme Fiset désire remercier l’église Sainte-Agnès, où la chorale a pu profiter d’un local gratuit.