Pendant l’été, mon billet prend le chemin des citations. Cette semaine elles sont tirées du livre La rencontre du philosophe Charles Pépin. éditions Pocket, 2023.
— Un étrange sentiment d’évidence augmente parfois le trouble. Je ne connais pas cette personne, je viens de la rencontrer, et pourtant j’en suis sûr : c’est elle. Ce sentiment nous donne une forme de confiance face à l’inconnu qui ne l’est plus vraiment ( … ) Voila qui est pour le moins déroutant : comment peut-on être plus à l’aise avec un inconnu qu’avec des gens fréquentés depuis longtemps.
— Le changement provoqué en nous par la rencontre peut aussi être d’ordre moral. Parce que je t’ai rencontré, parce que nous nous sommes retrouvés face à face et que j’ai été frappé par ta fragilité, je suis soudain arraché à mon égoïsme naturel ou au moins à mon indifférence : je me sens responsable d’un autre que moi.
— Au coeur de la rencontre, il arrive au hasard de prendre l’apparence du destin, mais il n’en reste pas moins lui-même : ce que, en philosophie, nous nommons la contingence. (…) J’aurais pu ne pas me rendre à ce concert, m’en tenir à l’écoute de l’album chez moi, nous n’aurions pas engagé cette conversation à l’entracte, accoudés au bar (…) La contingence, ce qui est mais aurait pu ne pas être.
— Agir, c’est s’aventurer dans le monde sans savoir à quoi ressemblera cette aventure, sans connaître à l’avance les effets de la rencontre entre notre action et le monde. (…) S’aventurer au-dehors permet d’actualiser ce qui se trame en nous, d’obtenir une reconnaissance de ce qui compte pour nous : les émotions qui nous traversent, les goûts qui nous animent, les valeurs qui nous portent.
— Ce n’est pas pour rencontrer les autres qu’il faut sortir de chez soi, mais pour se rendre disponible à la rencontre. Des attentes trop précises risquent de nous faire manquer la rencontre d’une personne ne correspondant pas à nos critères, alors même que nous aurions pu vivre avec elle une belle histoire.