Révolution américaine et Cap-Santé

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Par Pierre Paquet
Révolution américaine et Cap-Santé
Les membres du C.A. de la Société d'histoire du Cap-Santé en compagnie du conférencier Roger Barrette. (Photo : Pierre Paquet)

Ce n’est pas d’hier que des velléités de faire du Canada un État américain ont surgi dans l’esprit de certains de nos voisins du sud. En effet, en 1775-1776, les principales villes de la Province of Quebec ont vécu l’occupation militaire américaine.

Cet important épisode de notre histoire a, le 18 mai, fait l’objet d’une conférence présentée par l’historien Roger Barrette, sous l’égide de la Société d’histoire du Cap-Santé. [Note : le texte qui suit reprend quelques segments de la conférence de M. Barrette. Toutefois, dans son ensemble, il relève de la seule responsabilité du chroniqueur.]

Fin de la Nouvelle-France

Le 10 février 1763, la signature du traité de Paris met fin à la guerre de Sept Ans, un conflit qui opposait depuis 1756 les royaumes de France et de Grande-Bretagne. Par ce traité, la France cède officiellement la Nouvelle-France aux Britanniques.

Causes de la Révolution américaine

De 1765 à 1773, le Parlement britannique impose une série de nouvelles taxes aux colons des 13 colonies américaines. De plus, des lois les obligent à commercer uniquement avec la Grande-Bretagne, au détriment de leur propre développement économique. Par surcroît, les colons voient la présence militaire britannique comme une forme d’occupation. Finalement, la Déclaration d’indépendance, adoptée le 4 juillet 1776, formalisera la rupture avec la Grande-Bretagne.

Devenir le 14e État américain?

À partir de juillet 1776, les révolutionnaires américains inviteront les Canadiens à adhérer à leur volonté d’établir une société plus démocratique et à rompre avec les abus du pouvoir monarchique britannique. On propose même aux Canadiens de s’annexer aux nouveaux États-Unis pour devenir le 14e État américain.

Deux routes d’invasion

Espérant que les Canadiens, surtout les Canadiens français, se joindraient à la révolution contre la Couronne britannique, le Second Congrès continental (nom donné à l’assemblée des délégués des 13 colonies américaines qui a siégé à partir de mai 1775) décide de l’invasion du Canada. Benedict Arnold et Richard Montgomery mèneront chacun une des deux expéditions vers le Canada.

Arnold dirige une expédition de 1 110 hommes pour attaquer la ville de Québec. Partis du Massachusetts, ils longent les rivières Kennebec, dans le Maine, et Chaudière dans la Beauce. Arnold arrive devant Québec en novembre 1775 avec environ 600 hommes affamés et affaiblis. Ces combattants auront tout de même obtenu la collaboration d’un grand nombre de Beaucerons et de Lévisiens.

Quant à Montgomery, il passe par le lac Champlain et entre sans opposition dans Montréal. Puis, il descend le Saint-Laurent en vue de rejoindre la troupe d’Arnold devant Québec.

Siège de Québec

Le 3 décembre, l’armée de Montgomery fait sa jonction avec celle d’Arnold à Neuville en vue d’effectuer le siège de la ville de Québec. Québec est encerclé par environ 1 000 Américains et quelques 400 à 500 miliciens québécois. Du côté des royalistes qui tiennent Québec, il y a 646 Anglais et 480 miliciens québécois. Arnold continue le siège de Québec pendant cinq mois. Le 3 mai, la ville de Québec est libre. L’invasion américaine n’a pas réussi.

Enquête à Cap-Santé

À l’été 1776, trois commissaires nommés par le pouvoir anglais parcourent toutes les paroisses, depuis Trois-Rivières jusqu’au Bas-Saint-Laurent. Dans chaque paroisse, ils recueillent des informations auprès du curé, passent en revue la milice, sanctionnent les officiers qui ont collaboré avec les Américains et récompensent les autres. Ils en profitent aussi pour faire la leçon aux gens sur leurs devoirs de soumission au gouvernement anglais.

Ainsi, le 5 juin 1776, ces commissaires passent en revue 134 hommes de Cap-Santé en mesure de porter les armes. Signe de la collaboration des habitants de cette paroisse avec les Américains, il y est dit que « tous les habitants ont porté de bon gré des vivres au camp des Bostonnais, tant qu’ils ont été payés en argent ».

Les routes d’invasion empruntées par les troupes américaines. Photo : Pierre Paquet

Sanctions

Mandaté capitaine de milice en juillet 1775 par le pouvoir anglais, Joseph-Étienne Pagé aura changé son fusil d’épaule et travaillé pour les Bostonnais durant l’invasion. On lui enlève donc son rôle de capitaine. Il en est de même pour cinq sergents de la milice qui, ayant collaboré avec les envahisseurs, perdent leur titre. Il s’agit de Mathurin Morissette, Augustin Delisle, Jean Pichette, Joseph-Louis Pagé et Pierre Giroux. Quant à François Germain qui a fait valoir le parti des rebelles, dès l’automne dernier. Enfin, Joseph Matte, Louis-Nicolas Matte et un nommé Pagé du Bois-de-l’Ail ont refusé de faire des corvées pour les rebelles et ont été remerciés pour leur fidélité au pouvoir anglais.

Récompenses

Les commissaires récompensent d’autres Capsantéens en leur accordant un rôle au sein de la milice. Ainsi Pierre Mercure devient le nouveau capitaine de milice. Pierre Lapare sera dorénavant lieutenant, Jean-François Pagé est nommé enseigne alors qu’Antoine Colet, Augustin Richard, Joseph Bertrand, Augustin Langlais et Joseph Chalié sont nommés sergents.

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