La semaine dernière, suite à son décès survenu quelques jours auparavant, j’ai brièvement fait allusion à ce guérillero uruguayen devenu président de la république et que la population de son pays appelait affectueusement « El Pepe ». Cette semaine, j’ai voulu en savoir plus sur ce personnage et j’ai appris que Netflix présente un film documentaire réalisé par le grand cinéaste serbe Emir Kusturica et qui a pour titre El Pepe, une vie suprême. On y voit cet homme se confier avec toute la beauté de la simplicité : sa maison, qu’il a voulu habiter tous les jours de sa présidence en boudant le luxe du Palais présidentiel, sa ferme qu’il continue à entretenir et sa petite coccinelle bleue qui le conduisait tous les jours à ses bureaux au gouvernement.
Dans ce film, il partage ses pensées sur la vie et la politique en jetant un regard nostalgique sur les combats de sa jeunesse, sur l’engagement, sa rencontre avec cette femme superbe qui sera sa compagne jusqu’à la fin et qui a eu en commun avec son mari, des années de prison et de torture sous la dictature. « C’est en prison, dira-t-il, que j’ai développé ma pensée sur la vie et la politique, qu’il faut travailler pour vivre et non pas vivre pour travailler, qu’il faut consommer avec sobriété et jamais aux dépens des autres ». Mais cet homme de conviction n’a pas fait que penser, il a réussi, sans les projecteurs de la politique spectacle, sans faire les manchettes, à rendre aux plus démunis leur dignité et à faire diminuer considérablement les chiffres de la pauvreté.
C’est d’un homme comme lui que les médias devraient parler. Mais le mal fait toujours plus de bruit que le bien. C’est ainsi que même les tout petits savent qui est Trump, ce champion de la politique spectacle. Et, par lui, les enfants apprennent que le mensonge, la fraude, la cruauté et la corruption peuvent vous rendre très riche et puissant. On doit aux enfants, la vérité : que ce fils à papa n’a jamais travaillé, qu’il a hérité des millions de son père, qu’il été un entrepreneur sans coeur qui ne payait pas ses fournisseurs, que ce « génie des affaires » a accumulé les faillites en série, qu’il mesure la réussite aux nombres d’objets plaqués or qu’on accumule dans une demeure aux dimensions démentielles et que les seules personnes qu’il respecte et adule sont les milliardaires. Lequel de ces deux modèles, parents et enseignants doivent-ils présenter aux enfants ? El Pepe ou Trump ?