Quand l’Histoire rend son verdict

par Robert Jasmin
Quand l’Histoire rend son verdict

Étudiant, dans les années ’60, je faisais partie d’un des commandos nocturnes qui se chargeaient de maculer de peinture les affiches commerciales unilingues anglaises. Selon la loi, c’était un acte criminel. J’ai été le premier à être arrêté par la police une nuit où nous avions poussé trop loin notre témérité. Le lendemain matin, j’ai plaidé ma cause dans le bureau du chef de police du poste. Il m’a écouté et, finalement, il s’est dit d’accord avec nos objectifs et a déchiré le rapport incriminant. Dix ans lus tard, le gouvernement Lévesque passa la loi 101 qui rendait illégal tout affichage unilingue anglais au Québec. L’Histoire avait jugé.

Dans les années ’70, en Uruguay, Alberto Mujica Cordero, un militant de gauche, était membre des Tupamaros, un groupe de guérilleros qui luttaient contre la dictature. Ils posaient des gestes criminels selon la loi du pays. Cordero a été capturé, emprisonné et torturé. Après la défaite de la dictature, il a été élu président de la république. Appelé affectueusement « Pepe Mujica » par la population, il a toujours refusé de vivre dans le Palais présidentiel et n’a cessé d’occuper sa petite maison dans un quartier populaire de Montevideo, là où il est décédé ces jours derniers, L’Histoire l’avait acquitté !

Au tournant des années 2000, comme président d’ ATTAC-Québec (Association pour la Taxation des Transactions financières et pour une Action Citoyenne), je fus membre fondateur de OQP 2001 (Opération Québec Printemps 2001). Nous nous opposions à la Zone de Libre Échange des Amériques (ZLÉA) qui allaient donner toutes nos institutions (dont la santé, la  culture et l’éducation) en pâture aux puissantes institutions financières dans un objectif de privatisation mur à mur. Pendant un an, nous avons participé à l’information et à la mobilisation des citoyens. Jusqu’au Sommet des Amériques. Des dizaines de milliers de personnes venues de toutes les Amériques ont manifesté (dont 60,000 dans la Base-ville) contre les dirigeants venus de tous les pays intéressés, réunis à l’intérieur du périmètre clôturé pour négocier cet accord infâme dans le secret. Certains des opposants, plus déterminés, ont tenté de percer le mur de la honte, dont Alex Boissonneault, candidat actuel du Parti québécois dans Arthabaska. Il a été accusé d’un acte criminel, condamné, puis pardonné. La ZLÉA  devait être signée le1er janvier 2004. Il n’a jamais été signé. L’Histoire avait rendu son verdict !

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