Une loi qui inquiète les usagers de la forêt

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Par Gaétan Genois
Une loi qui inquiète les usagers de la forêt
Marc Renaud est à la direction générale de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs (FédéCP) depuis novembre 2024. (Photo : Offerte par Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs)

La Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs se dit inquiète du contenu du projet de loi 97 sur la modernisation du régime forestier, qui a été dévoilé le 23 avril par la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina.

Selon cette fédération, la loi 97 va conférer trop de pouvoir à l’industrie forestière, sans égard à une gestion faunique durable et aux multiples usages.

Cette nouvelle perspective de l’exploitation de la matière ligneuse des forêts délimitera le territoire forestier public en trois types de zones, soit les zones multi-usages, les zones de conservation et les zones d’aménagement forestier prioritaires (ZAFP).

Les zones multi-usages et de conservation permettront la coexistence de plusieurs usages et engloberont les aires protégées ou à valeur écologique.

Les ZAFP

Par contre, les zones d’aménagement forestier prioritaires donneront l’usage exclusif à l’approvisionnement des usines de transformation du bois.

Dans ces zones, la réalisation de certaines activités ayant pour effet de restreindre la réalisation des activités d’aménagement forestier ainsi que la mise en œuvre de mesures de conservation du territoire sont interdites, stipule le projet de loi 97.

« Ils donnent de gros pouvoirs à l’industrie forestière et une certaine indépendance aussi », avertit le d.g. de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs, Marc Renaud. 

L’industrie forestière aura ainsi le plein contrôle sur le tiers du territoire forestier du Québec. Les chasseurs et pêcheurs pourraient ne pas y être admis.

Les usagers ne comptent pas

« Ils ne se préoccupent pas de tous les usagers ou de la faune, s’inquiète Marc Renaud. Ce qui nous préoccupe, c’est que quand on coupe comme on veut, sans avoir besoin de rendre des comptes, qu’est-ce qui se passe avec la faune terrestre, aquatique, les frayères et tous les petits bassins versants. C’est inquiétant. »

Avec cette nouvelle façon de procéder, on ne fait pas assez attention et on ne tient pas compte de tous les usagers.

La « FédéCP » s’inquiète aussi de ce qui arrivera avec les baux de villégiature, sans processus de consultation.

Pas contre les coupes

« Les forestiers sont pour la plupart des étrangers, des gens qui viennent couper notre bois, notre ressource et en plus, on n’a pas un mot à dire. C’est assez dérangeant, soutient M. Renaud. Ça fait un an qu’ils travaillent là-dessus, ça leur aurait coûté quoi de venir voir le milieu faunique. Ils ne veulent pas nous entendre, ils veulent faire ce qu’ils veulent dans le bois. »

L’organisme n’est évidemment pas contre les coupes forestières : « Bien au contraire, je pense que l’industrie forestière a besoin de vivre aussi, on a besoin de bois d’oeuvre. Mais on a toujours voulu que ça se fasse de façon intelligente. Je ne pense pas qu’on soit une priorité dans l’équation. »

Marc Renaud souhaite que le gouvernement tienne une commission parlementaire qui permettrait d’exprimer cette opposition et de déposer un mémoire, qui est d’ailleurs présentement en préparation.

« Je pense qu’il faut qu’il y ait une commission et qu’on y soit invités. Il ne faut pas que le milieu faunique soit mis de côté. »

Levée de boucliers

Le directeur général de la Fédération s’attend à une « énorme » levée de boucliers d’organismes dédiés aux usages récréatifs et de conservation comme Québec Nature, les pourvoyeurs, les Zecs, les trappeurs, les environnementalistes.

La Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs compte 125 000 membres regroupés à travers près de 200 membres associatifs.

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