Afin de protéger les érablières de la région de Portneuf, la Fédération de l’Union des producteurs agricoles de la Capitale-Nationale-Côte-Nord s’oppose au tracé prévu de la nouvelle ligne de transport d’électricité à haute tension de 735 kV.
Rappelons que la construction de cette ligne hydro-électrique s’inscrit dans le cadre du projet Axe Vallée du Saint-Laurent d’Hydro-Québec et qu’elle doit traverser plusieurs érablières du comté de Portneuf.
Un tracé déterminé à l’avance?
En entrevue avec le Courrier de Portneuf, le président de l’UPA Portneuf, Christian Hébert, s’indigne du fait que le tracé semble avoir été déterminé à l’avance par Hydro-Québec, et ce, bien avant la ronde de consultations publiques. » Dès la première rencontre qu’on nous avons eue l’automne dernier, les personnes présentes ont été surprises par le choix des mots utilisés par les gens d’Hydro-Québec. Nous avons perçu que ça semblait décidé « .
Sur cette carte, le tracé prévu de la nouvelle ligne hydro-électrique est de couleur mauve. Illustration : Hydro-Québec
Servitudes acquises contre des sommes dérisoires
L’UPA de la Capitale-Nationale-Côte-Nord affirme d’ailleurs qu’Hydro-Québec privilégie ce tracé en raison de la présence de servitudes acquises dans les années 1970 par la société d’État, à une époque où l’exploitation acéricole était faible et où le zonage agricole n’existait pas encore. Christian Hébert explique : » Des représentants d’Hydro-Québec disent que le tracé qu’ils viennent de proposer est à 90 % couvert par des servitudes qu’Hydro a acquises en offrant aux propriétaires terriens des sommes ridicules, allant de 150 à 400 $ « .
C’est aussi ce qu’affirme Karine Douville, productrice et représentante acéricole à la Fédération régionale. » Les propriétaires de l’époque avaient deux choix, signer ou être exproprié. La société d’État a offert des compensations dérisoires que les anciens propriétaires ont acceptées par peur d’être expropriés. Le prix des terres et des érablières a fortement augmenté depuis et la perte d’arbres entraîne des conséquences financières importantes pour nos entreprises acéricoles « .
Importantes pertes pour les producteurs
M. Hébert a qualifié les pertes que pourraient subir des acériculteurs de la région. » Ce sont des gens qui ont consacré leur vie à faire de l’aménagement forestier. Ce n’est pas juste un travail, c’est une passion. La valeur de leurs terres et de leurs productions, c’est leur fonds de retraite. Puis là, Hydro leur dit : je t’enlève tout ce que tu as, je le bûche et tu n’auras aucune compensation. C’est un véritable drame humain « .
L’UPA évalue que dans la région, la future ligne d’Hydro-Québec entraînerait la perte d’au moins 7 000 entailles déjà exploitées et un potentiel de 16 000 entailles non exploitées.
Présence de la Sûreté du Québec
Comme plusieurs autres personnes, M. Hébert a été surpris, lors de son arrivée à une séance d’information tenue par Hydro-Québec, à Saint-Alban le 6 mai, de voir quatre agents et deux autos de la Sûreté du Québec, de garde près du lieu de la rencontre. » Ça veut dire que les gens d’Hydro-Québec savaient, avant de se pointer là, qu’ils se préparaient à détruire la vie des gens. J’ai vu ça comme une technique d’intimidation de la part d’Hydro-Québec « .
Il importe de savoir que plusieurs dizaines de producteurs agricoles se sont rendus à cette séance d’information au cours de laquelle le tracé privilégié par Hydro-Québec leur a été présenté.
M. Hébert a souligné que l’UPA agit en mode collaboratif lorsque des projets majeurs sont à l’étude. » On avait demandé à Hydro-Québec d’agir de la même manière. Ils ont plutôt décidé de jouer les fiers-à-bras avec nous. Pour des producteurs qui se retrouvent avec une perte personnelle de 100 000 $, 200 000 $ ou 300 000 $, c’est intolérable « .
» Ces gens qui ont consacré leur vie à faire de l’aménagement forestier « . Photo : PPAQ
Hydro doit revoir ses plans
La Fédération régionale de l’UPA demande à Hydro-Québec de revoir ses plans afin de tenir compte de la présence d’érablières, en les considérant comme des zones sensibles. » Il est essentiel de privilégier des tracés alternatifs qui évitent les érablières en exploitation, ainsi que celles présentant un fort potentiel acéricole. Ce choix s’inscrit dans une logique de développement durable et de protection du territoire agricole, deux priorités économiques et environnementales majeures pour notre région » signale Mme Luce Bélanger, vice-présidente de la Fédération régionale.
Enfin, notons que l’acériculture québécoise contribue à hauteur de 1,1 milliard $ au produit intérieur brut canadien.