Certains auront été surpris de me voir utiliser dans mon titre, l’expression « moi itou ». C’est mal parler, me disait ma mère. L’histoire des mots m’apprend autre chose sur cette expression. Il était courant, même dans la noblesse, d’utiliser cette expression bien avant qu’on dise « moi aussi ». Nos ancêtres québécois n’ont pas attendu d’être anoblis pour l’utiliser dans toutes nos campagnes. Mais dans un Québec urbanisé, le mot « aussi » a pris le dessus et « itou » a été identifié au monde peu éduqué.
Restons sur « moi itou ». Dites le à voix haute. Ça ne vous évoque rien ? Comme « Me too » du mouvement féministe chez les anglophones ? Si oui, vous ne vous trompez pas. Le « me too » des anglophones vient exactement d’une transformation du « moi itou » français. Il faut savoir que pendant des siècles, l’Angleterre parlait français. Aujourd’hui, on estime que le tiers de tout le vocabulaire anglophone vient du français, les deux autres tiers venant du latin et de l’allemand (exemple :
« My God ! » d’abord utilisé par la bourgeoisie anglicisée de Montréal et imitée bêtement et malheureusement par certaines personnes de l’extérieur, vient de l’allemand « Mein Gott ! » )
Il est intéressant de savoir que certains mots que nous croyons d’origine anglaise, sont directement issus du français. Comme « Bar-B-Q » que nous prononçons à l’anglaise « barbéquiou ». L’expression remonte au Moyen Âge : quand on voulait manger de la viande rôtie au feu, on disait qu’il fallait embrocher l’animal « de la barbe au cul ». Notre vie quotidienne est truffée de mots français déformés par les anglophones. Ou par nous.
Par exemple, quand nous mangeons des oeufs et du bacon, on prononce ce dernier mot, « bécune », alors qu’il s’agit d’un mot bien français « bacon » (bas-con) qui désigne une partie de la viande de porc. Pendant que certains jouent au » basket » (du français, basquet, petit panier) et que des spectateurs crient à l’anglaise « Di-fence ! Di-fence ! » ceux-ci ne se rendent pas compte que ce mot « defence » ( di-fence, en anglais) vient directement du mot français « défense ». Le respect de la langue ne court pas les rues dans le monde du sport ! Il y a là beaucoup de travail à faire et les enseignants devraient être plus vigilants en la matière…surtout que c’est le mois du français dans toutes les écoles.