Ma fille et Monsieur Aznavour

par Robert Jasmin
Ma fille et Monsieur Aznavour

Le virus trumpien a tellement contaminé le corps de toute la société que chacune de nos vies semble en avoir été affectée.
La une des journaux n’en a que pour lui depuis qu’il a répandu son venin sur l’ensemble de la planète. Au point de nous faire oublier que celle-ci est gravement en péril. Mais la vie, elle, continue avec ses petits bonheurs comme dans le temps d’avant Trump et malgré lui. Je l’écris pour ne pas l’oublier. C’est un exemple personnel des antidotes au mal trumpien dont je veux vous parler aujourd’hui.

J’ai emmené ma fille de 10 ans au cinéma voir le film Monsieur Aznavour. Depuis qu’elle avait entendu la chanson Emmenez-moi, dans un autre film français l’an dernier, il lui arrivait souvent de fredonner quelques vers de ce chant où il est dit que la misère serait moins pénible au soleil. Elle était curieuse de connaître la vie et la voix de ce monsieur Aznavour. Elle a été bien servie.

Comme c’est le cas à chaque fois que je l’emmène au cinéma voir autre chose que des films dits « pour enfants », des films évidemment classés « G », je sais qu’il y a un risque qu’elle soit déçue. Mais elle est curieuse de tout et je me dis qu’il y a toujours une image, un passage ou une parole qui peut l’intéresser et lui rester en mémoire. Et puis, elle est très sensible au jeu des comédiens. Le risque d’une déception est donc très mince.

Non seulement elle a aimé connaître l’enfance et l’ascension de cet artiste plus grand que nature mais elle a été agréablement surprise d’apprendre qu’Aznavour avait fait ses premières apparitions sur scène, ici au Québec. Encore plus d’apprendre en sortant qu’il avait chanté au café Le faisan doré où, lui ai-je confié, son
grand-père et sa grand-mère avait passé la soirée. Était-ce pour voir et y entendre Monsieur Aznavour ? Nous ne le saurons jamais.

Que restera-t-il plus tard dans la mémoire de ma fille, de ce jour d’une rencontre avec le grand Aznavour ? Je ne serai peut-être plus là le jour où, comme la petite madeleine de Proust, une chanson, une image, lui reviendra en tête en passant par les mystérieux corridors de la mémoire. Ce jour de cinéma où, seule enfant dans une salle comble d’adultes, elle a procuré un grand petit bonheur à son père.

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