Quand je revenais de l’école avec mes camarades, il nous arrivait de croiser André, le fou du village. Nous prenions plaisir (et lui aussi) à lui demander de nous dire quelques mots en anglais. Je me souviens encore de son éternel sourire et de sa fierté en bombant le torse pour laisser sortir ces « mots », convaincu qu’ils étaient dits en anglais : « Ah get de ta de ra wa ! » Il n’y avait aucune malice de notre part et André se plaisait à faire le bouffon à chacune de nos rencontres. C’était, pour nous, notre fou du roi sans le roi. Un clown sans pouvoir autre que celui de nous divertir.
Le monde de la psychiatrie a banni le mot fou, mais la folie existe toujours. Elle a même pris le pouvoir dans plusieurs endroits et le plus dangereux pour nous tous sur la planète, c’est celui, imprévisible, de la présidence des États-Unis. Le fou furieux qui l’a conquise force la prudence chez les autres chefs d’État. Avec des moyens considérables de destruction, ses menaces doivent être prises au sérieux. Pourtant, tout au long des dernières années, des dizaines de spécialistes en maladies mentales avaient prévenu les électeurs américains. Il faut croire que le conditionnement des esprits sur la nécessité de recourir à un mâle alpha pour régler tous leurs problèmes l’a emporté sur la raison.
Pour la première fois dans l’histoire américaine, un président-criminel prendra la direction du pays après s’être entouré d’une équipe de « conseillers » totalement incompétents et dont le seul critère d’embauche est l’absolue loyauté envers leur Führer. Selon les spécialistes, la démence de Trump ne peut que s’aggraver au fil des mois. Il nous reste à espérer qu’un nombre suffisant d’élus du Congrès en deviennent conscients pour que le recours à l’article 25 de la Constitution devienne impératif et que ce fou soit retiré de la circulation le plus tôt possible.
Je m’en voudrais de terminer ce billet sans souligner le triste anniversaire du massacre des artisans de Charlie Hebdo au cours duquel j’ai personnellement perdu un ami, Bernard Maris. Que ces fous de dieu islamistes sachent que non seulement ils n’ont pas réussi à faire taire les défenseurs de la liberté, mais que le journal satirique et hautement intellectuel a conquis des milliers de nouveaux lecteurs depuis dix ans. Comme la folie, la lutte pour la liberté ne connaîtra jamais de fin.