La plus belle ville du monde

par Robert Jasmin
La plus belle ville du monde

L’année 2024 aura été l’année de Paris. Deux fois, la ville-lumière a été le centre du monde : pendant la durée des Jeux de cet été et le jour de la résurrection de Notre-Dame. Je ne veux pas revenir ici sur ces deux événements, tout a été dit. J’aimerais simplement vous offrir à l’occasion des fêtes quelques mots sur cette ville dont l’écrivain américain Ernest Hemingway a dit justement qu’elle était une fête. Des mots personnels mais aussi des mots des poètes qui l’ont célébrée et qui ont inspiré les gens venus de partout.

En mettant bout à bout tous mes séjours dans cette ville, j’y ai vécu presque trois ans de ma vie. Je l’ai aimée tous les mois de l’année tant dans le calme du mois d’août que pendant les jours de labeur, gris, de novembre. De la joyeuse explosion poético-politique de mai ‘68 jusqu’aux petits soucis de la vie quotidienne quand, parfois, je mangeais le midi au Resto-U avec mes tickets d’étudiant une double portion du seul vrai repas de ma journée.

Quand je revois défiler dans ma mémoire tous les lieux que j’ai aimés, ce sont autant de petits films que je vois. Avec chacun son histoire. Ces réunions militantes dans l’appartement parisien de Pauline Julien près de Pigalle. Ces heures de lecture au Jardin du Luxembourg où je jouais au chat et à la souris avec la chaisière qui nous faisait payer pour s’asseoir. Cette belle inconnue vêtue de rouge et de noir qui, lors d’une visite au Louvre s’est placée entre moi et le tableau que j’admirais et qui, sans le vouloir, a constitué avec le tableau devant elle, un tableau encore plus beau. Elle fut, pour moi, la passante célébrée par le poète Gérard de Nerval :« Parfum, jeune fille, harmonie…/ Le bonheur passait, — il a fui ! »

C’est au cimetière du Père Lachaise que j’ai vu un papa Japonais raconter à son fils la Commune de Paris devant le mur où ont été fusillés les Fédérés. Je me trouvais à quelque pas d’eux, juste à côté de la tombe du poète Paul Éluard et j’entendais, venue de plus loin, la voix de deux filles qui chantaient un air de Piaf sur sa tombe. Où ailleurs trouve-t-on autant de vie dans un
cimetière ? Je termine en rappelant que Paris est peut-être la seule ville où il n’y a pas de centre-ville et où chaque quartier est une sorte de petite ville, où nulle part on est écrasé par un environnement plus grand que soi, qui fait dire à Jacques
Prévert : « Paris est si petit, c’est là sa vraie grandeur ».

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
plus ancien
plus récent plus voté
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires