Le 8 décembre, le député de Portneuf-Jacques-Cartier, Joël Godin, a accordé une entrevue au Courrier de Portneuf, entrevue au cours de laquelle il a notamment exposé son point de vue sur l’état de paralysie des travaux à la Chambre des Communes. Rappelons que depuis le début du mois d’octobre, aucun projet de loi n’a été examiné par les 338 députés fédéraux.
D’entrée de jeu, M. Godin affirme qu’à l’échelle fédérale, l’année 2024 a été « très mouvementée, très turbulente. C’est une première, au Canada, d’avoir un gouvernement minoritaire qui va probablement réussir à atteindre le terme de quatre ans, et ce, parce que le NPD avait signé une entente visant à le soutenir ». Rappelant que cette entente a été déchirée par le NPD en septembre, le député note qu’il pourrait y avoir des occasions pour défaire le gouvernement. « Nous aurons deux votes de confiance demain et il y en aura deux autres, mercredi. Malheureusement, le NPD va probablement encore voter avec le gouvernement libéral pour le maintenir au pouvoir ». Cette hypothèse posée par Joël Godin s’est avérée juste puisque le 9 décembre, le gouvernement Trudeau a survécu à une motion conservatrice visant à le faire tomber, et ce, grâce à l’appui du NPD.
« C’est un peu désolant », d’ajouter M. Godin. « L’efficacité du Parlement n’est plus là parce que les partis d’opposition font de l’obstruction pour favoriser leurs intérêts personnels au lieu de s’élever dans l’intérêt du pays. Du temps et de l’argent sont ainsi gaspillés ».
Technologies du développement durable Canada
Affirmant que la responsabilité de l’opposition officielle, « c’est de pousser le gouvernement à être meilleur », M. Godin, a donné sa vision du rôle de l’aile parlementaire du Parti conservateur dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Technologies du développement durable Canada (TDDC).
« En juin, nous avons réussi à convaincre le Bloc québécois et le NPD de voter une motion pour obliger le gouvernement a déposé la liste des personnes qui ont reçu de l’argent venant de ce Fonds vert dont la gestion a été sévèrement critiquée par le Bureau de la vérificatrice générale du Canada. Le gouvernement a refusé ». Rappelons que selon la Vérificatrice générale du Canada, TDDC a enfreint ses politiques en matière de conflit d’intérêts à 90 reprises, notamment en attribuant 59 millions de dollars à 10 projets qui n’étaient pas admissibles à ce programme. Selon le député Godin, « il y a des gens qui ont été nommés au conseil d’administration de ce fonds-là, qui sont des amis libéraux. Il y a apparence de corruption. En septembre, nous avons soulevé une question de privilège. Le président de la Chambre des communes a acquiescé à notre demande voulant que le gouvernement dépose cette liste de dons qui ont été distribués, selon nous de manière frauduleuse. C’est l’argent des contribuables ».
Dénouer cette crise
Joël Godin poursuit en affirmant que même si « plusieurs disent que ce sont les méchants conservateurs qui bloquent le Parlement » il existe des options pour dénouer cette crise. « La première, c’est que le gouvernement libéral dépose la liste. Ça prend cinq minutes, c’est terminé et on peut avancer. Le gouvernement pourrait aussi déposer une motion pour limiter le temps de débat, par exemple trois heures de débat. Puis, on passe au vote et le gouvernement libéral s’associe au NPD ou au Bloc québécois pour terminer ce débat. Le gouvernement ne l’a pas fait, donc ça sert ses intérêts de ne pas mettre un terme à ce débat qui dure depuis plus de deux mois. Nous ne faisons pas d’obstruction à la Chambre : nous défendons le droit des Canadiens à la transparence. Pourquoi le gouvernement ne dépose-t-il pas les documents? Poser la question, c’est y répondre ».
Intérêts du NPD
Questionné à savoir quel est l’intérêt du NPD à constamment soutenir le gouvernement libéral, le député Godin identifie une première motivation : « Le chef du NPD va obtenir sa pension après six ans aux Communes, en février prochain ». Il n’aurait donc pas avantage à défaire le gouvernement avant cette échéance. Joël Godin pose aussi la question à savoir si le NPD serait capable « d’avoir autant de pouvoir qu’il en a présentement, à la suite d’élections qui mèneraient un autre parti à la tête de l’État canadien (Note de la rédaction : sous-entendant une victoire du Parti conservateur) ».
Et ceux du Bloc québécois
Enfin, Joël Godin évalue que le Bloc québécois « est prêt à aller en élections parce, selon les sondages, il n’a jamais eu autant de possibilités de faire des gains au Québec ». Il estime toutefois que « la particularité du Bloc québécois, c’est qu’on a un gouvernement minoritaire. Le Bloc québécois a donné un ultimatum au gouvernement libéral sur les aînés et sur les agriculteurs. Ils n’ont pas eu gain de cause avec un gouvernement minoritaire; imaginez le poids d’un Bloc québécois avec un gouvernement majoritaire ».
Nous publierons la suite de cette entrevue avec M. Joël Godin dans notre prochaine édition.