C’est une véritable légende qui sera à la direction de son stage band le 21 décembre à Place Saint-Louis afin d’y offrir un concert de Noël. Ses 16 musiciens le suivront à la baguette dans un spectacle où Noël aura le goût des cuivres.
Roland Martel a fait les beaux soirs du Château Frontenac, du Ritz Carlton et même d’une mecque du jazz de Paris, le club de Lionel Hampton.
La prestigieuse carrière de ce citoyen de Pont-Rouge commence au sein même de sa famille, où la musique était très présente.
Son père jouait du violon et sa mère, du piano. « On avait toujours de la musique à la maison », note-t-il.
Pas surprenant donc qu’il se soit retrouvé au Conservatoire de musique dans des programmes de trompette et de chant classique.
Aussi passionné de hockey
Pourtant, sa carrière de trompettiste a bien failli être interrompue. Également passionné de hockey, une blessure à la bouche aurait pu l’empêcher de jouer.
« J’étais à préparer un concert pour le prix d’Europe à la trompette », raconte-t-il. Lors d’un match au Colisée de Québec, il gardait les buts pour les Citadelles.
« On n’avait pas de masque et j’ai reçu la rondelle sur la bouche. Ça a fendu. Je pensais que ma carrière était finie. J’ai toujours aimé la trompette, le trombone, les cuivres pour moi c’était très très important. »
Le stage band en pleine répétition. Photo : Gaétan Genois
Au Colisée
Un professeur du conservatoire le rassure toutefois en lui suggérant qu’il était possible de jouer sur le côté de la bouche, lui citant l’exemple d’un musicien de l’école Berkeley de Boston et première trompette à la philarmonique qui, justement, jouait de côté.
Il a donc pu continuer à jouer de la trompette… et continuer à garder les buts, jouant même dans deux matchs hors concours des As de Québec.
Résident de Limoilou et par conséquent proche du Colisée, il avait été embauché pendant ses études pour travailler au restaurant. Il portait une forte attention aux spectacles qui s’y produisaient.
Sa première trompette
« À 16 ans, j’avais le goût, j’avais vu des orchestres comme Ray Anthony, Harry James, Woody Herman. Mon père m’a acheté ma première trompette. J’avais la chance d’avoir des musiciens du Royal 22e, tous des bons musiciens. Ils ont décidé de me donner un coup de main. Ils venaient chez nous pratiquer des pièces. Ça a commencé comme ça. »
Avec les Chevaliers de Colomb et les clubs de raquetteurs de Québec notamment, l’orchestre de Roland Martel jouait toutes les semaines. « Ça a donné une chance de partir l’orchestre », reconnait-il.
À cette époque, les troupes des Ice Capades et Holiday on Ice venaient au Colisée et il jouait avec eux.
Les instruments à cuivre sont à l’honneur. Photo : Gaétan Genois
Samy Kay
Une fois, l’orchestre de Samy Kay se produisait à Expo Québec, et on y invitait les gens qui le voulaient à venir diriger l’orchestre, au grand amusement du public.
À l’insistance de son patron du restaurant, le jeune homme de 18 ans monte sur scène pour montrer ce qu’il savait faire avec une baguette de chef.
« Je monte sur scène, raconte M. Martel, et là, ça rentre. Ils m’ont laissé toute la tune au complet. J’ai même gagné une coutellerie pour ma mère. C’était extraordinaire. »
Sa carrière au Château Frontenac a commencé. Il faisait de la musique tous les samedis soirs à la Salle Jacques-Cartier. Dans la grande salle, l’orchestre jouait du jazz. Mais le grand patron M. Jessup voulait de la musique internationale, plus dansante pour le public américain de la salle.
« Ici pour longtemps »
Un soir à 10h30, Roland Martel reçoit un appel.« J’ai besoin de vous avec votre orchestre demain soir, lui lance le boss. Si ça va, vous êtes ici pour longtemps. » Il est devenu directeur musical du Château Frontenac.
Beaucoup de contrats s’offraient à l’orchestre, notamment avec les congrès, et la politique. « Tous les 15 décembre, les partis politiques m’engageaient, Bourassa, Parizeau, Lévesque, pour jouer avec mon big band au restaurant de l’Assemblée nationale. J’ai fait ça pendant 12 ans de temps », révèle-t-il.
52 ans au Château
Il a passé 52 ans au Château Frontenac. Il y a accompagné des artistes comme Alys Robi, Ginette Reno, les Jérolas, même les Supremes de Diana Ross, et Neil Diamond.
Pendant huit ans, il a été associé au Carnaval de Québec où le stage band jouait aux différents bals et à la Soirée de la bougie. Il ont aussi beaucoup joué au Ritz Carlton de Montréal.
Saint-Raymond était très important puisque sa femme Denise Julien y provenaient. Il a eu l’occasion de s’y produire à quelques reprises à l’ancienne salle paroissiale.
Il a eu la chance d’aller en tournée en France. À Paris il joue chez le célèbre vibraphoniste Lionel Hampton. « Là, ça passe ou ça casse ». Les gens étaient debout et en redemandaient. Roland Martel a fait vibrer Paris en jazz.
Avec son assistante, sa fille Sonia. Photo : Gaétan Genois
Le respect des musiciens
Un élément qui revient toujours avec Roland Martel est le respect de ses musiciens. « C’est très important, assure-t-il. Ce que je vis, c’est parce que j’aime ça et ils veulent que je sois là, sinon je n’y serais pas. Je connais mes limites, je ne suis pas le meilleur, mais je sais ce que j’ai à faire. Mon amour de la musique, je le partage. »
Le stage band appartient maintenant à sa fille, la chanteuse bien connue Katee Julien. Il lui a donné, mais il le dirige encore.
« J’aime quand le monde s’amuse. Tant et aussi longtemps que le Seigneur va me donner la santé psychologique et morale, that’s it. »
À Place Saint-Louis
Le Courrier a visité le big band en répétition en vue de son concert du 21 à Place Saint-Louis. La pratique allait bon train, avec les Feliz Navidad et autres succès de Noël.
L’orchestre réunit maintenant des gens de la région. Le répertoire 100 % instrumental se compose essentiellement d’airs de Noël.
Le concert de Noël du stage band dirigé par Roland Martel est présenté le 21 décembre à 14 heures à la salle Marcel Bédard (porte 14, en arrière) de Place Saint-Louis (hôtel de ville de Pont-Rouge).