La semaine dernière, dans mon billet sur l’impossible fuite devant le déroulement des changements climatiques, je nous demandais si nous étions condamnés à vivre, impuissants, notre écoanxiété. Mon ami et jadis complice dans le mouvement altermondialiste ATTAC-Québec, le philosophe Alain Deneault répond non ! Voici ce qu’il écrit dans son très récent livre, Faire Que ! ( Lux, 2024, 216 p. ) : « À l’heure de l’inouï, l’angoisse s’impose tel un passage obligé. L’éprouver est un signe de santé mentale, à condition d’agir pour chercher à en sortir ».
Seule l’action peut nous aider tant individuellement que collectivement. Mais que faire, comment faire et où le faire ? C’est ce à quoi tente de répondre Alain Deneault à la suite, nous raconte-t-il, de ceux et celles dans l’histoire qui ont abordé la grande question que se pose tout citoyen engagé : que faire ? : « Qu’est-ce que je peux faire, moi, insignifiant petit Chose claquemuré dans l’isolement de mon humble chez-soi ? » l’auteur ajoutant qu’il n’existe aucun Que faire ? pour les nuls (p.73). Comment trouver sa voie entre les écueils que sont l’alarmiste et l’apathie ?
Résumer ici toutes les réponses que l’auteur esquisse m’apparaît impossible. J’ai tenté toutefois de glaner quelques conseils ou orientations en guise de pistes. D’abord attaquer et diminuer la puissance de ceux qui empêchent les changements salutaires en s’engageant, par exemple, dans les mouvements ou les partis qui mènent une lutte draconienne contre les paradis fiscaux et pour une révision profonde des modalités fiscales ; pour l’imposition de prix progressifs sur l’électricité avec un quantum de base gratuit et une tarification en fonction d’abus favorisant un consumérisme frivole ; et plusieurs autres exemples.
Un conseil fondamental : revenir à là où on est. En latin c’est le hic et nunc, ici et maintenant. J’agis à mon échelle, mais en gardant en tête les autres échelles. Par exemple, la lutte pour notre survie sur terre n’est pas incompatible avec la lutte pour notre survie comme peuple. La vision nationale contre la vision des multinationales peut et doit inclure la dimension écologiste. En réponse à la question : « Que faites-vous ? », le tailleur de pierres ne dit pas : « je fais un travail pénible qui me brise le dos et je le fais pour nourrir ma famille ». Il répond plutôt : je bâtis une cathédrale ! C’est ce à quoi Alain Deneault nous convie.