Le 11 novembre – soit trois jours après que Christian Hébert eut annoncé qu’il brigue l’investiture du Bloc Québécois dans le comté de Portneuf-Jacques-Cartier – le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, s’est rendu à Deschambault-Grondines pour rendre visite à M. Hébert.
À la suite de cette visite, M. Blanchet a accordé une entrevue au Courrier de Portneuf. Alors que nous publiions le 20 novembre un article relatant les réflexions du leader bloquiste à propos de l’agriculture et de sa bonne opinion de Christian Hébert, voici d’autres thèmes qu’il a abordés en entrevue.
Aluminium, forêts et mines
Lorsqu’on lui demande s’il juge possible que le Canada empêche l’adoption par le gouvernement Trump de mesures protectionnistes, comme des droits de douane supplémentaires, − ce qui pourrait nuire à l’aluminerie Alcoa de Deschambault-Grondines ou à l’important secteur de la forêt − Yves François Blanchet fait remarquer que la forêt, l’aluminium et, dans une bonne mesure les mines, sont des secteurs dont les États-Unis sont dépendants.
Il rappelle que » les minéraux, dont les minéraux stratégiques, sont abondants au Québec et les Américains les veulent. Le bois, canadien ou québécois, est essentiel au marché de la construction aux États-Unis. Si le coût du bois augmente à la suite d’une mesure protectionniste, le coût des maisons augmentera et ça donnera un dangereux élan inflationniste à l’économie américaine « .
Il poursuit en expliquant que » le même raisonnement s’applique à l’aluminium. Sur le court terme, l’économie américaine reste dépendante de ce que nous produisons « . Il poursuit son raisonnement en affirmant que le temps que les États-Unis deviennent moins dépendants de l’aluminium québécois, il faudra davantage transformer, ici même, notre aluminium. » Il faut diversifier les marchés d’exportation pour être moins dépendants du marché américain. Il faut améliorer notre productivité parce que l’on doit rivaliser avec les États-Unis, pays dont la productivité est la plus élevée au monde « .
Gestion de l’offre
Revenant sur la question de la gestion de l’offre en agriculture, le chef du Bloc québécois croit que si tous les partis à la Chambre des communes qui ont soutenu le projet de loi déposé par son parti à ce sujet » respectent leurs paroles, la gestion de l’offre devrait être favorablement réglée au cours des prochaines semaines « .
Pension de la sécurité de vieillesse
En ce qui a trait à l’autre demande majeure du Bloc, soit la bonification de la pension de la Sécurité de vieillesse pour les Canadiens ayant entre 65 et 74 ans, M. Blanchet confie que c’est une bataille que le Bloc québécois ne cessera jamais. » Le gouvernement doit prendre acte que près de 80 % de la population canadienne est d’accord avec le Bloc Québécois et qu’il y a 4 millions de retraités au Canada qui bénéficieraient de la mesure que nous proposons, dont 1 million au Québec, et que c’est facile à financer par un gouvernement qui met, chaque année, quatre fois plus d’argent dans le secteur pétrolier que le coût de cette mesure « .
M. Blanchet considère que cette revendication du Bloc s’avère d’autant plus nécessaire » que les politiques qui se mettent en place aux États-Unis vont être dangereuses en termes d’inflation, affaiblissant encore plus le pouvoir d’achat des retraités « .
Critique des conservateurs
Par ailleurs, Yves François Blanchet appelle les électeurs de la circonscription de Portneuf-Jacques-Cartier à » réaliser que le futur gouvernement probable du Canada est contre les Québécois lorsqu’il s’agit de langue, de laïcité, du pouvoir d’achat des retraités, de l’aide médicale à mourir, de l’accès à l’avortement et qu’il veut s’ingérer en matière de logements et d’affaires municipales, comme les libéraux le font déjà. Les gens ont une importante réflexion à faire et c’est probablement ce genre de réflexion qui leur fait dire, à terme, qu’on va élire seulement des gens qui vont parler pour le Québec et qui vont nous faire faire des gains comme le Bloc québécois l’a fait au cours des dernières années « .
Et du NPD
Questionné à savoir s’il considère possible que le NPD appuie prochainement une motion de censure qui ferait tomber le gouvernement Trudeau, le chef répond : » Oui, si ça sert leurs intérêts. Le risque pour le NPD, c’est que leur chef aura très peu de perspectives au lendemain de la prochaine élection. Pour lui, une élection plus tardive est préférable : sa carrière en dépend. Toutefois, il y a probablement des gens au sein du NPD, et au sein du caucus du NPD, qui souhaitent prendre la première occasion pour aller en élections afin de continuer à exister comme parti politique, indépendamment de la carrière personnelle du chef « .