Octobre 1962. La guerre froide entre les deux grandes puissances est à son paroxysme. Les États-Unis et l’Union soviétique ainsi que leurs alliés respectifs feront vivre à l’humanité, les heures les plus angoissantes depuis la seconde guerre mondiale. Après que le peuple cubain ait repoussé, l’année précédente, une tentative d’invasion de la part des Américains, le gouvernement de Fidel Castro fera appel à l’U.R.S.S. pour que celle-ci lui fournisse des armes pour se défendre. Des bateaux soviétiques chargés de missiles à tête nucléaire feront route vers Cuba.
Avertis par les photos d’un avion espion, les Américains somment Moscou de faire marche arrière. Le bras de fer durera 12 jours. Mon père, comme bien d’autres, a préparé la famille à fuir vers le chalet d’un oncle dans les montagnes. On répétait alors qu’advenant une guerre nucléaire, les grandes villes serait les cibles. Le souvenir des villes d’Hiroshima et de Nagasaki était encore très frais à la mémoire de tous. Le jour de notre départ, un accord intervient in extremis. Moscou donne l’ordre à ses navires de rebrousser chemin et Washington accepte en échange de retirer ses armes atomiques d’Italie et de Turquie. La fuite de notre famille était possible mais elle n’a pas eu lieu.
La menace nucléaire existe toujours mais la peur s’est déplacée à un niveau plus élevé, en fait, au niveau le plus élevé qui soit : celui où loge la menace qui guette tous les humains sans exception : le sabordage du seul véhicule spatial dont nous disposons pour naviguer sur la ligne du temps : la terre. Les signes de cette menace sont dorénavant nombreux et de plus en plus importants. De plus, ces manifestations du dérèglement climatique produisent des catastrophes diverses qui se nourrissent mutuellement. Un exemple suffit : le réchauffement de la planète fait fondre les glaciers et la calotte glaciaire. La glace est remplacée par l’eau qui est sombre et ne réfléchit pas les rayons du soleil créant plus de chaleur qui, elle, fait encore plus fondre le pergélisol qui libère des tonnes de méthane, un gaz plus menaçant que le CO2.
Devant cette menace extrême, aucune fuite n’est possible. Pauvres ou riches, aucun abri ne peut nous protéger. Est-ce à dire que l’écoanxiété est inévitable et que le combat est impossible ? Non, répond le philosophe Alain Deneault dans son livre exceptionnel récent, FAIRE QUE ! Je vous en parle la semaine prochaine.