« Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ». Cette citation de Winston Churchill rappelle le rôle crucial que joue l’histoire pour toute nation, dans la compréhension de son présent et dans la construction de son avenir.
À cet égard, la Société d’histoire du Cap-Santé, présidée par Michel Bertrand, contribue de manière magistrale à faire connaître et apprécier deux joyaux de notre histoire nationale, à savoir le fort Jacques-Cartier et le Manoir Allsopp.
Visites très instructives
Dans le cadre des Journées de la culture, la Société d’histoire a organisé, pour une troisième année, une visite qui vise à faire connaître ces lieux historiques et à permettre une meilleure compréhension quant à leur grande importance dans le contexte de la perte de Québec aux mains des Anglais, en 1759. Ainsi, le 28 septembre, plus de 400 personnes ont bénéficié de visites guidées très instructives du manoir et du site du fort, tous deux sis sur un promontoire jugé difficilement prenable par l’ennemi, au confluent de la rivière Jacques-Cartier et du fleuve Saint-Laurent.
Doté d’un talent de raconteur hors du commun, l’enseignant de profession Dave Bélanger a résumé avec brio l’histoire du manoir ainsi que ses principales caractéristiques architecturales. Par la suite, il a animé un parcours pédagogique de l’emplacement du fort Jacques-Cartier. Plusieurs autres passionnés d’histoire ont aussi animé la visite. Aussi, il importe de noter que la synthèse de M. Bélanger relative au fort lui a été inspirée par le mémoire de maîtrise écrit par Simon Santerre (référence1 à la fin de l’article).
Maintenant recouverts d’un matériau moderne, les murs du manoir Allsopp ont d’abord été construits en pierres. Photo : Pierre Paquet
Manoir Allsopp
Construite vers 1755 par Adrien Pichet, la maison de ferme qui va plus tard devenir le Manoir Allsopp a été habitée par la famille Pichet jusqu’en 1829-1830. En 1830, Georges Allsopp l’a achetée. Bien qu’il soit déjà à cette époque seigneur de deux petites seigneuries voisines l’une de l’autre − Jacques-Cartier et D’Auteuil −, ce commerçant demeurait à Québec et gérait ses affaires à distance. Très prospère, il a produit jusqu’à 22 % de tout le blé de la province de Québec, grâce à ses moulins de Cap-Santé. Georges Allsopp meurt en 1804 et c’est son fils Georges Walter, devenu seigneur, qui fit de la maison son manoir seigneurial, à partir de 1830.
Doté d’un grand talent de raconteur, Dave Bélanger a résumé l’histoire du manoir Allsopp et du fort Jacques-Cartier. Photo : Pierre Paquet
Fort Jacques-Cartier
Retour en 1759. La Guerre de la conquête bat son plein depuis quelques années. Elle a pour objectif la domination des colonies d’Amérique du Nord. Les Anglais – soutenus par les milices américaines et leurs alliés iroquois – affrontent les Français, leurs milices de la Nouvelle-France et leurs alliés autochtones. Durant tout l’été 1759, les navires anglais bombardent Québec. Montcalm envisage alors de prévoir un lieu où se replier.
Le 13 septembre 1759, c’est la fameuse bataille des plaines d’Abraham que les Anglais remportent. Le soir même, une grande partie de l’armée française part de Beauport et s’en vient à pied jusqu’à l’emplacement du futur fort Jacques-Cartier. On commence la construction du fort vers le 21 septembre et, grâce au travail de 200 hommes, on le termine le 11 novembre.
Puis, en avril 1760, 7000 hommes convergent vers le fort Jacques-Cartier en vue d’aller reprendre Québec. Les Français remportent alors la bataille de Sainte-Foy. Finalement, lorsque Montréal signe son acte de capitulation le 8 septembre 1760, le fort Jacques-Cartier doit aussi rendre les armes.
Michel Bertrand, président de la Société d’histoire et sa conjointe Line Dumont ont joué le rôle d’Adrien Pichet et de son épouse. Photo : Pierre Paquet
Préserver ces lieux
Actuellement propriétés de la Ville de Cap-Santé, le manoir Allsopp et le fort Jacques-Cartier ont été classés immeubles patrimoniaux par le ministère de la Culture et des Communications, en 1978. Dave Bélanger rappelle que « c’est dans l’intérêt de tout le monde de les préserver et de les faire davantage connaître. Le site du fort témoigne de ce qu’était une fortification de campagne construite à la hâte, avec des moyens limités. De plus, de grands noms de notre histoire y ont vécu ».
1. Santerre, Simon. Histoire et archéologie du fort Jacques-Cartier : 1759-1760. Son rôle dans la défense de la colonie après la prise de Québec. Mémoire de maîtrise. Université Laval, 2008.