Il était une fois la foi

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Par Robert Jasmin
Il était une fois la foi

Commençons par le commencement. Il y a d’abord les croyants, des personnes qui adhèrent à l’idée qu’il existe un Être supérieur, grand architecte de toutes nos destinées. S’il existe, il lui faut un nom. C’est là que ça se gâte parce qu’il s’agit de nommer l’innommable. Mais, il faut ce qu’il faut et, comme on était à une époque d’avant les époques, ce sont les hommes qui décidaient de tout, y compris du sexe de Dieu. Ils ont décidé que Dieu serait masculin.
Cela a aidé pour la suite, car les humains étant des êtres sociaux, les croyants se sont dit qu’une relation intime entre une personne et son Dieu ne pouvait pas favoriser leur multiplication et que, pour cela, il fallait se regrouper et que, pour s’organiser, il fallait des influenceurs-organisateurs. Ceux-ci étant, par définition, des représentants de Dieu sur Terre ne pouvaient être que des hommes à l’image d’un dieu masculin. Pour favoriser l’adhésion de populations illettrées, ces hommes de Dieu ont inventé des fables qui devaient les impressionner et leur dire que c’était ça ou l’enfer, ce qui aidait l’adhésion.
La suite ne s’est pas déroulée tout à fait comme prévu, car, c’est bien connu, là où il y a de l’homme il y a de l’hommerie. Et donc, de la chicane. De factions dissidentes, on est passé aux sectes puis aux guerres entre ceux qui disaient : « Mon Dieu est le vrai Dieu » et les autres qui disaient : « Non, c’est le mien. » Non contents de s’affronter entre religions, les tenants d’un courant pouvaient s’en prendre à un autre courant à l’intérieur d’une même religion. Malgré toutes ses dissensions, elles avaient en commun d’être monothéistes et guidées par un Être absolu.
Or, toute société vivant sous l’égide d’un Absolu a toujours été portée, à un moment ou un autre de son histoire, de céder à la tentation de l’absolutisme en se mettant au service de l’Absolu et rien d’autre. Ce qui est impossible en démocratie, car comment obéir aux lois humaines si les lois divines sont absolues ? D’où la lutte entre démocratie et théocratie. Rappelons qu’une théocratie se caractérise par des gouvernements dirigés par des représentants de Dieu. Et nous voilà aujourd’hui avec le résultat de tout ce qui précède. Pour illustrer ce processus, je donnerai comme exemples – entre plusieurs autres, hélas –, l’Iran et Israël : dans le premier cas, la théocratie s’est muée en fascisme et, dans le second, elle y arrive presque.

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