Les maux d’un mot

par Robert Jasmin
Les maux d’un mot

Au moment d’écrire ces lignes, le bureau sur la lutte à l’islamophobie existe toujours et il continue d’être dirigé par la protégée de Justin Trudeau, Amira Elghawaby – celle que, selon ses propres mots, l’histoire du peuple québécois fait vomir. L’opposition à l’existence même de ce bureau s’est manifestée partout au Québec, même par des personnalités musulmanes québécoises. Tous nos partis politiques exigent au moins la démission de Mme Elghawaby, même si Québec solidaire l’a fait tardivement. Mais Justin persiste et signe encore une fois et comme toujours, à l’encontre de la volonté du peuple québécois.

Pour comprendre la portée du mot islamophobie, on peut procéder par comparaison. Quand, dans les années 60, les Québécois ont remis en question la direction cléricale de notre société, quand ils ont ridiculisé et banni la loi de l’index, quand ils se sont élevés ouvertement contre différentes interdictions comme celle de manger de la viande le vendredi, quand ils se sont moqués de certains comportements du clergé, personne n’a crié à la « catholicophobie ». Ç’aurait pu être le cas si on avait appelé à la haine des catholiques. Mais le fait de tenir des propos haineux est déjà prévu à la loi et des sanctions s’appliquent en cas de violation. Cette loi est celle des hommes et non celle d’un dieu, car nous vivons en démocratie et non en théocratie.

Les Québécois avaient compris que, lorsqu’une religion devient politique, elle devient un problème social. Quand une religion est vécue intérieurement, spirituellement par un individu dans sa relation personnelle avec un Être supérieur qu’il croit réel, sa religion ne pose pas de problèmes. Les musulmans ou les fidèles de toute autre religion sont déjà protégés par la loi sur les propos haineux. Et c’est heureux qu’il en soit ainsi. La haine contre les personnes est toujours condamnable. Mais la critique d’une religion, de ses institutions ou de ses pratiques est permise en vertu du droit à la libre circulation des idées et des opinions.
C’est ce que certains musulmans n’acceptent pas. C’est pourquoi ils ont inventé le terme islamophobe en allant jusqu’à qualifier de racistes, ceux qui osent critiquer l’islam. Nadia El-Mabrouk, Québécoise d’origine tunisienne et professeure à l’Université de Montréal affirme que « l’islamophobie est un terme galvaudé, militant, qui mêle de façon intentionnelle la haine contre les personnes et la critique de la religion. » La loi 21 sur la laïcité votée par l’Assemblée nationale n’est donc ni raciste, ni islamophobe. Que Justin et sa protégée se le tiennent pour dit.

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Gaétan J. Gagnon
Gaétan J. Gagnon
1 année

Très bonne comparaison avec l’histoire du Québec. Comment concilier l’acceptation raisonnable des signes religieux qui ne nécessitent pas de modifier l’exigence actuelle d’un uniforme? La religion n’est pas une coupe de cheveux ni un code vestimentaire. Mais l’article de Jean Dorion sur la charte de la laïcité (Le Devoir, 22 septembre 2012) soulève des questions importantes. Il ne faut pas agir en Taliban et démolir les crucifix accrochés au mur. Quelle est votre position?