Un enfant, le 24 décembre

par Robert Jasmin

Alors que j’étais à la recherche d’un sujet de circonstance, un ami m’a rappelé un billet que j’avais écrit pour Noël il y a quelques années. Il ne se souvenait pas du titre mais l’histoire que j’avais racontée l’avait profondément marqué :
« l’histoire de ce petit enfant, un 24 décembre », m’a-t-il dit. Je savais de quel billet il voulait parler, jamais je ne pourrai oublier cette brève histoire vraie racontée sous la plume sensible et concise de ce grand écrivain et humaniste qu’était Eduardo Galeano (1). J’avais rencontré cet auteur au Brésil, en 2002. Je vous redonne ce texte de Galeano aujourd’hui. Pour paraphraser un certain message publicitaire, relisez-le encore pour la première fois :
Nuit de Noël
Fernando Silva dirigeait l’hôpital pour enfants à Managua.
Une veille de Noël, il resta tard à son travail. On entendait déjà les pétards et les feux de Bengale commençaient d’illuminer le ciel, lorsque Fernando décida de partir. On l’attendait chez lui pour célébrer.
Il fit un dernier tour dans les salles, pour s’assurer que tout était en ordre et c’est alors qu’il entendit des pas derrière lui, des pas cotonneux : il se retourna et vit un de ses petits malades qui le suivait. Il le reconnut dans la pénombre. C’était un enfant que personne n’accompagnait. Fernando reconnut son visage, déjà marqué par la mort, et ces yeux qui demandaient pardon ou qui demandaient peut-être la permission :
Fernando s’approcha et l’enfant l’effleura de sa main :
— Dis à… murmura-t-il, dis à quelqu’un que je suis ici.
(1) Eduardo Galeano
Le livre des étreintes, LUX

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