Ce que nous sommes

par Robert Jasmin
Ce que nous sommes

Bien sûr, ils étaient ici avant nous. Ceux qui avaient voyagé jusqu’ici les appelaient les Indiens, par ignorance. Bien sûr, sans eux, plusieurs des premiers voyageurs intrépides seraient morts, démunis de toute ressource vitale. Les gens de ce territoire avaient leur culture, leurs moeurs, leurs langues mais les visiteurs venus d’un ailleurs lointain avaient été conditionnés à penser et à croire que leur civilisation était supérieure et que leurs croyances étaient les seules bonnes et valables. Ce que l’histoire a démenti. 

Les premières années ont passé et les visiteurs sont devenus sédentaires. Ceux qui suivirent apportèrent avec eux des outils et un savoir-faire pour recréer ici ce qu’ils avaient laissé dans l’ancien pays. Leurs maisons, leurs églises étaient les mêmes mais les matériaux d’ici leur donnaient une autre allure. Ils venaient de régions du royaume de France avec des patois qu’ils durent laisser en route pour adopter la langue du Royaume, le français. Grâce à cette langue qui portait déjà une riche et imposante culture, ils purent créer leur propre culture en terre d’Amérique. 

Cette culture a germé dans ce sol nouveau jusqu’à atteindre le niveau de toutes les grandes cultures. Avec le temps, des institutions ont soutenu cette culture et le nouveau pays a commencé à connaître et reconnaître, des musiciens, des poètes, des écrivains dont les oeuvres ont constitué les éléments propres à créer une âme à ce peule de bâtisseurs. La guerre apportée par des conquérants a failli faire disparaître ce peuple qui ne demandait qu’à vivre en paix. Les envahisseurs se sont répandus partout en Amérique mais le peuple français a résisté envers et contre tout sur le seul territoire où il était resté majoritaire. La nation québécoise était née. 

Ni meilleure, ni pire que les autres nations, la nôtre, avec une langue partagée par d’autres peuples sur tous les continents, a ajouté sa couleur à l’arc-en-ciel des cultures dans le monde. Sa disparition comme celle des premières nations serait une perte pour l’humanité. Comme d’autres petits grands peuples, nous sommes d’une force fragile mais déterminée. C’est ce que l’histoire nous apprend, c’est ce que nos mères et nos pères nous ont laissé. Nous sommes les fruits d’une lutte incessante pour la vie. En ces jours de réjouissance, nous devons nous le redire entre nous. Nous devons savoir surtout que tout ce qui a fait ce que nous sommes est dû au fait que nous avons toujours privilégié le NOUS au JE, et que nous n’avons que deux ennemis mortels : l’indifférence et l’individualisme.  

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