Stéphanie Jasmin, une Neuvilloise qui rayonne à l’international 

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Par Yannick Lepage
Stéphanie Jasmin, une Neuvilloise qui rayonne à l’international 
Stéphanie Jasmin (Photo : Offerte par Angelo Barsetti)

Le travail des metteurs en scène reste souvent dans l’ombre au Québec, à moins de s’appeler Serge Denoncourt ou Robert Lepage. Pourtant, une artiste multidisciplinaire de chez nous trace sa route grâce à plusieurs projets qui lui ont acquis une visibilité internationale. Stéphanie Jasmin, dramaturge, scénographe et vidéaste originaire de Neuville, présente sa pièce Les dix commandements de Dorothy Dix à Paris ce mois-ci. 

Son parcours 

Stéphanie Jasmin est demeurée à Neuville jusqu’à 19 ans. Son enfance en campagne auprès du fleuve façonne sa façon de percevoir le monde qui l’entoure. Ces instants en nature lui permettent de rêver, de jeter un regard contemplatif sur son entourage. « Un ennui fécond », évoque-t-elle.  

Déjà au primaire et au secondaire, elle apprécie ces petits moments de théâtre organisés par l’école, malgré sa grande timidité. C’est pourtant l’histoire de l’art qui l’appelle pour la suite de ses études, posant ses valises à Québec avec des études à l’Université Laval, puis en France à l’École du Louvre et à l’Université d’Aix-en-Provence. « Pour moi, c’était essentiel de développer mon regard sur l’art, de comprendre avant de créer ».  

De retour au Québec, elle entreprend des études en cinéma à Montréal et réalisera quelques courts métrages. Puis elle rencontre Denis Marleau, directeur du théâtre Ubu. C’est le début des projets en théâtre et d’une fructueuse collaboration artistique et amoureuse qui perdure depuis vingt ans. Elle est maintenant co-directrice de la compagnie de création Ubu, une équipe qui crée surtout du théâtre contemporain s’articulant autour d’un langage poétique et esthétique particulier. « On intègre la technologie, car le théâtre est ce lieu de tous les possibles en rassemblant plusieurs arts : la musique, l’image, l’art du jeu des comédiens, la scénographie, la découverte d’un auteur dans son mode poétique, son récit ». Un lieu unique de rencontre avec le spectateur, en direct. Un art vivant. 

De plus, elle partage ses connaissances et son expérience en enseignant à l’Université de Montréal et à l’UQAM, une autre manière de partager sa passion et son expérience du théâtre. 

Passion : création 

Le théâtre représente pour elle un terreau fertile et riche. C’est la convergence de nombreux arts qui rassemblent plusieurs de ses poussées créatrices : la lecture, l’écriture, la vidéo, le jeu. C’est un art de l’instant, d’une rencontre avec une équipe de créateurs dont l’objectif commun est de trouver ensemble ce qui est juste. Pour Stéphanie Jasmin, « on ne peut rien faire seul en théâtre ». 

Elle reconnaît cependant que l’écriture dramaturgique demeure un acte solitaire. C’est un jardin secret qui permet une expression plus intime et personnelle que le reste. Soulignons qu’elle a écrit trois pièces dont le thème parle surtout du rapport à l’écriture, mais avec des personnages et des contextes éloignés. 

Les dix commandements de Dorothy Dix à Paris 

Créée pour une première fois à Montréal en février 2022, puis présentée à Ottawa en mars, la pièce traverse maintenant l’Atlantique pour être jouée au Théâtre national de la Colline à Paris jusqu’au 26 juin. Julie Le Breton y tient le rôle principal. 

Stéphanie Jasmin profitera de son séjour en France pour prêter main-forte, comme dramaturge, à Wajdi Mouawad, directeur du Théâtre national de la Colline. Mouawad a écrit la pièce La racine carrée du verbe être, qui sera à l’affiche de septembre à décembre 2022. Il en signe aussi la mise en scène en plus d’y jouer. Pour Jasmin, il s’agit d’une opportunité de collaborer à créer une cohérence de tous les langages scéniques avec un recul qu’il est difficile d’avoir lorsqu’on est responsable de la mise en scène, du texte et qu’on est nous-même comédien. 

Surveillez la page de la compagnie de création Ubu pour les prochains projets de théâtre de cette créatrice qui a mérité le prestigieux prix Siminovitch 2018. Ce prix souligne l’excellence et l’innovation en théâtre canadien et marque la contribution exceptionnelle d’un metteur en scène, d’un auteur dramatique ou d’un concepteur en milieu de carrière, et soutient les talents émergents grâce au mentorat. 

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