« Que les passants soignent notre environnement », clame un citoyen de Cap-Santé

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Par Mathieu Hardy
« Que les passants soignent notre environnement », clame un citoyen de Cap-Santé
Un aperçu des déchets ramassés par Jean au début du mois de mai sur une distance d’environ 1 km, sur la route 138, à Cap-Santé.    (Photo : Offerte par Jean)

Dimanche après-midi, début mai. Jean regarde les motos et les autos défiler. Elles transitent sur la route 138, en faisant escale à Cap-Santé, là où il réside. Leurs propriétaires ignorent que Jean vient de terminer un grand ménage du printemps en récoltant une quantité ahurissante de déchets abandonnés en bordure de la route. « Que les passants soignent notre environnement », clame Jean. 

Chaque printemps, depuis deux ans, il se fait un devoir de récolter les déchets abandonnés par les passants. Sa collecte, qui s’est étendue sur une distance de 1,2 km de part et d’autre de la route nationale, est assez impressionnante en matière de variété de débris. 

« Ça me désole de voir la quantité de déchets. J’ai ramassé beaucoup plus que des cannettes », a souligné, en entrevue, l’ex-président du Comité d’embellissement de Verdun, son ancien patelin. 

Actions collectives 

Le premier samedi du mois de mai, une action collective unissant jusqu’à 600 citoyens avait pour but de procéder au nettoyage des berges dans cet arrondissement de Montréal. L’un des souhaits de Jean serait qu’une initiative similaire ait lieu à Cap-Santé et dans d’autres municipalités. 

Saint-Alban a déjà sa corvée. À l’initiative d’un citoyen, une grande collecte pour l’environnement a eu lieu pour la première fois, le 23 avril, afin de ramasser les déchets sur le bord des routes du village. L’événement a été couronné de succès et pourrait servir de modèle à d’autres localités. 

Appel au civisme 

En attendant, Jean lance un cri du cœur. Un appel au civisme. « Aimeriez-vous que des passants jettent des déchets devant votre parterre ? », interroge le citoyen de Cap-Santé. Pour celui qui a l’environnement tatoué sur le cœur, poser la question, c’est y répondre. 

Il y a beaucoup à faire, selon lui, pour encourager les citoyens et les passants à prendre soin de l’environnement. Comme sa corvée de déchets lui a notamment permis d’empocher 7,55 $ en rendant un sac de cannettes de boissons gazeuses et alcoolisées, Jean suggère de hausser le prix de la consigne puisque les cannettes qui sont abandonnées en pleine nature peuvent être nocives pour l’environnement.  

Ce que dit la loi 

L’article 498 du Code de la sécurité routière permet aux policiers de donner un constat d’infraction s’ils aperçoivent une personne en train d’abandonner des déchets sur le bord de la route ou qu’une enquête permet d’accuser formellement un contrevenant, souligne le sergent de la Sûreté du Québec (SQ), Louis-Philippe Bibeau. 

Seize fautifs ont été mis à l’amende (60 $ + les frais = 109 $) dans Portneuf, entre janvier 2017 et mai 2022, expose M. Bibeau. Le pouvoir d’action des policiers, en ce qui a trait à l’application de cet article de loi, est relativement limité et fait en sorte que peu de constats sont émis, reconnaît l’agent. 

Alcool au volant 

Considérant la grande quantité de cannettes d’alcool récoltées par Jean pendant sa cueillette de déchets, le Courrier a interrogé la SQ quant aux opérations de contrôle pour l’alcool au volant.  

En 2020-2021, 73 personnes ont été arrêtées pour des capacités affaiblies par l’alcool ou la drogue dans le cadre de 197 opérations concertées. La lutte contre l’alcool au volant est récurrente dans les affectations des policiers, affirme Louis-Philippe Bibeau. 

Nettoyage des chaussées 

Une demande de renseignements au ministère des Transports a révélé que les fossés en bordure de la route 138 ne sont pas nettoyés annuellement, comme c’est le cas sur l’autoroute 40. La chaussée est seulement balayée. « Le MTQ a très peu d’emprise en dehors de la chaussée », justifie la relationniste Émilie Lord. Par ailleurs, très peu de déchets sont récoltés sur l’autoroute par les sous-traitants qui facturent seulement 6 000 $ pour l’opération sur le réseau autoroutier traversant Portneuf. 

Ces informations contrastent avec le contenu du bac à ordures de Jean, si bien que le citoyen en appelle à la mobilisation. « Si chacun faisait son petit bout de chemin, la corvée serait beaucoup moins lourde et intense », renchérit-il, en espérant que d’autres collaborent. 

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