Une détective sur les traces de « Noire Rebelle »

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Par Denise Paquin
Une détective sur les traces de « Noire Rebelle »
Chantal Marcotte et sa « Noire Rebelle », perdue, retrouvée et exposée en octobre dernier à Londres. Photo – Chantal Marcotte

Il n’y a pas que dans les romans d’Arthur Conan Doyle qu’une femme fait appel aux services d’un détective privé. Grâce à une émule de Sherlock Holmes, l’artiste Chantal Marcotte a retrouvé son précieux dessin «Noire Rebelle », destiné à une exposition internationale outre-Atlantique. Petite histoire d’une enquête londonienne…

« J’aurais une histoire incroyable à vous conter! Mon dessin qui est parti pour une exposition à Londres a été perdu et retrouvé par la détective privée que j’ai engagée! » nous écrivait l’artiste de Deschambault-Grondines début octobre. Il n’en fallait pas plus pour mettre la puce à l’oreille de la journaliste qui signe ce texte. L’histoire allait s’avérer encore plus incroyable!

« Noire Rebelle » dans sa boîte de transport avant de partir pour Londres afin d’être exposée à la UK Coloured Pencil Society (UKCPS). Photo – Chantal Marcotte

À la fin septembre, Chantal Marcotte, artiste virtuose du dessin au crayon de plomb, a perdu la trace du colis contenant le portrait d’une belle vache Angus qu’elle avait expédié par la poste quelques jours plus tôt à destination de la capitale britannique. Sélectionnée par la prestigieuse UK Coloured Pencil Society (UKCPS), « Noire Rebelle » devait être exposée du 14 au 24 octobre à la Bargehouse Gallery, à la OXO Tower.

« J’avais un tracking et je l’ai suivi, raconte l’artiste. J’ai vu qu’arrivé à Londres le transporteur, là-bas, ne trouvait pas l’adresse. J’avais inscrit le numéro de téléphone du destinataire, et il était bon. Je me suis dit : ils vont appeler au numéro indiqué. Mais le transporteur n’a jamais appelé. Mon colis est revenu trois fois au bureau de poste où il était arrivé. Finalement, ils l’ont livré à quelqu’un que personne ne connaît. Je me suis dit : oups! il est perdu! »

Le choc passé, Mme Marcotte s’est mise à la recherche du dessin pour lequel elle avait consacré 48 heures de son temps! Mais il y avait un obstacle de taille : « On comprend que c’est à Londres et que je suis à Deschambault! », lance-t-elle. Puis, elle a eu l’idée de rechercher un détective privé dans le Web. « J’ai envoyé des courriels et reçu trois réponses. J’ai choisi une femme, Sarah Martin, qui m’a semblé très gentille », raconte-t-elle. L’artiste a quand même pris le temps de vérifier que la « private investigator » était membre de l’Association of British Investigators, afin de ne pas se faire flouer en plus. D’autant plus que la détective ne lui montrera jamais son visage lors de leurs conversations sur Snapchat: l’anonymat étant une condition pour assurer le succès de son enquête.

Sarah Martin a mis cinq jours pour retracer le colis. « Il été livré à la porte d’a coté, sur la même rue que celle inscrite sur mon étiquette, Blantyre Streeet. Il était supposé aller au Chelsea Self Storage pour le UKCPS », relate Chantal Marcotte. En lieu de quoi, il s’est retrouvé au Chelsea Youth Club, dans une maison de jeunes en réparation.

La détective Sarah Martin a mis cinq jours pour retracer le colis. Il avait été livré dans une maison de jeunes en réparation, le Chelsea Youth Club, voisine du Chelsea Self Storage, sur Blantyre Streeet, à Londres. Photo – Chantal Marcotte

La détective a remonté le fil du transport du colis et a émis l’hypothèse qu’il avait été livré à une porte voisine de sa destination. Elle a demandé l’aide d’un collègue pour qu’il aille vérifier sur place. Ce dernier a bien vu par la fenêtre un colis qui ressemblait à celui recherché : une mince boite de carton de 36 x 30 pouces. Il a pris une photo, l’a envoyée à Mme Martin qui a confirmé la ressemblance. « Le monsieur est retourné sur les lieux, a frappé et demandé à voir le colis. Et, effectivement, c’était Noire Rebelle! Quand elle m’a dit qu’elle l’avait trouvée, je suis partie à pleurer », avoue Mme Marcotte.

Finalement, l’artiste a aussi appris que c’est une petite erreur qu’elle a faite en adressant son colis qui a causé sa disparition. « Je suis vraiment chanceuse qu’elle l’ait retrouvé rapidement. Si elle ne le retrouvait pas, je ne pouvais participer à l’exposition. Le colis n’a pas été ouvert. Il a été livré à côté de l’endroit où il devait être livré », résume-t-elle

C’est la cinquième fois depuis 2017 qu’une des œuvres de  Mme Marcotte est sélectionnée pour l’exposition de dessin de la UKCPS. « Cette année, c’est encore plus gros puisque l’exposition fête son 20e anniversaire », explique l’artiste qui, exceptionnellement, n’accompagnait pas son œuvre cette année.

Son dessin de 14 x 17 pouces représente une vraie vache qu’elle a vue à Deschambault. « Habituellement, une Angus c’est écorné, mais, elle, elle porte ses cornes et elle le sait. Elle a du caractère, d’où le nom de Noire rebelle », raconte l’artiste qui aurait bien aimé que son œuvre soit récompensée à Londres. Le prix aurait pu éponger une partie des frais de l’enquête!

Mais Chantal Marcotte prend cette histoire rocambolesque avec philosophie : « Ça m’a coûté un bras, mais ça m’a donné des ailes! » ajoute-t-elle en riant. Le 5 novembre, « Noire Rebelle » est revenue à la maison sans encombres, à la grande joie de sa propriétaire.

On peut suivre l’artiste sur ses pages Facebook et Instagram sous le titre ArtByChantalMarcotte.

 

Un visiteurs admire l’oeuvre de l’artiste finalement retrouvée et exposée du 14 au 24 octobre à la Bargehouse Gallery, dans la OXO Tower,à Londres. Photo – Chantal Marcotte.

 

 

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