L’espoir d’une vie meilleure… à Saint-Raymond

par Johanne Martin
L’espoir d’une vie meilleure… à Saint-Raymond
Les Aouinti-Meijri, en compagnie de Yoann Bénas d’Accès Travail Portneuf et de la jumelle québécoise de Bilel, Ginette Leclerc. Photo – Johanne Martin

Pour Bilel Aouinti, immigrer au Canada était un rêve de jeunesse. En septembre 2020, avec femme et enfants, voilà qu’il débarque à Saint-Raymond. En pleine pandémie, son vœu d’accéder à une vie meilleure devient réalité. Si la famille tunisienne dit avoir été très bien accueillie, elle a aussi pris les moyens pour vivre une intégration réussie.

Bilel Aouinti, son épouse Haïfa Meijri et leurs fils, Raef et Aous, ont tout laissé derrière eux. Ils confirment littéralement avoir dû « recommencer à zéro » au Québec. Un choix difficile, mais qu’ils ne regrettent pas. Les Aouinti-Meijri préparaient initialement leur arrivée en avril 2020, mais avec la fermeture des frontières, il leur a fallu patienter cinq mois de plus. Après avoir vendu la quasi-totalité de leurs biens, ils quittent la Tunisie… pour atterrir au Canada.

« J’ai fait appel à un cabinet de recrutement international et tout s’est fait à distance, raconte Bilel. La France a été envisagée – j’ai un frère qui a la nationalité –, mais il n’y avait aucune offre pour moi en mécanique automobile. Le Qatar était aussi une option, toutefois, l’emploi proposé était temporaire, donc je n’ai pas donné suite. Germain Chevrolet a fait passer une annonce, j’ai fait le concours et c’est comme ça que je me suis retrouvé à Saint-Raymond. »

Le 5 septembre, celui qui venait de signer un contrat avec le concessionnaire pose pied en sol québécois. Deux jours plus tard, sa conjointe et ses enfants le rejoignent. L’employeur du nouvel arrivant a tout prévu : un appartement meublé et un réfrigérateur rempli attendent la famille. Après une quarantaine de deux semaines – COVID-19 oblige –, c’est l’entrée au travail pour Bilel. De leur côté, Raef (10 ans) et Aous (7 ans) prennent le chemin de l’école.

Apprendre le français

L’aventure dans laquelle se sont engagés les Aouinti-Meijri n’est évidemment pas exempte de défis. Bien qu’ils aient appris le français et l’anglais dans leur pays d’origine, leur langue maternelle demeure l’arabe. Alors que Raef a pu bénéficier de deux années d’enseignement du français dans l’établissement privé qu’il fréquentait en Tunisie, Aous n’en parlait pas un mot il y a à peine un an. Depuis, tous les jours, ce dernier profite de séances de francisation.

« Raef est allé en classe d’accueil. Pour Aous, le Centre de services scolaire de Portneuf, en partenariat avec le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), s’assure qu’il puisse recevoir des services afin d’atteindre un niveau de français adéquat. Autrement, nous nous sommes procuré des livres usagés pour lui faire la lecture. Nous lui faisons également regarder des films et des dessins animés pour l’aider », commente Haïfa.

Récemment, Bilel aussi a amorcé un processus de francisation pour améliorer sa maîtrise de la langue. L’ex-conseiller technique pour Peugeot – qui a par ailleurs été propriétaire, à Tunis, d’un atelier de mécanique et de vente de pièces d’auto qui embauchait trois employés – s’amuse à dire que le « québécois » lui donne un peu plus de fil à retorde que le français. « Souvent, je dois demander aux gens de répéter ou de parler plus lentement », illustre-t-il.

S’intégrer à la communauté

Si la mère de famille admet avoir été agréablement surprise par l’ouverture manifestée par les Raymondois à son endroit, elle confie songer à se lancer en affaires. Présentement, elle occupe un emploi dans une boutique de tissus, mais cumule 14 ans d’expérience comme technicienne de laboratoire. Elle aspire à obtenir un poste d’assistante en pharmacie, tout en souhaitant éventuellement mettre en marché sa propre gamme de cosmétiques naturels.

Haïfa a d’autre part signifié son intention de faire partie, cet automne, d’un comité formé de membres de la communauté locale et d’immigrants dont l’objectif consisterait à promouvoir les occasions de rencontres dans le cadre d’activités de loisir culturelles et sportives. Signe que le sport constitue une passerelle privilégiée pour favoriser l’intégration, Bilel a lui-même joué cet été dans une ligue de soccer composée de participants de huit ou neuf nationalités.

« Est-ce que je pense un jour quitter pour m’en aller ailleurs? Je ne le crois pas ! Ici, je vis dans un milieu tranquille et j’ai un bon voisinage. Même s’il faut beaucoup de courage pour émigrer, je me considère chanceux d’être au Canada. Pour les enfants, leurs études, nous leur donnons un meilleur avenir. L’hiver québécois et la neige ne me dérangent pas du tout et j’aimerais, dès l’an prochain, déménager dans une maison avec un jardin », conclut Bilel.

Une jumelle et une parcelle

Financé par le MIFI pour déployer des mesures d’intégration qui s’adressent aux personnes immigrantes, l’organisme Accès Travail Portneuf (ATP) propose entre autres un service de jumelage interculturel. Bilel et Haïfa ont choisi de s’en prévaloir. Retraitée du secteur de la santé, Ginette Leclerc a décidé de s’investir auprès de nouveaux arrivants « pour faire une différence ». C’est elle qui est devenue la marraine de Bilel, un habitué des activités d’ATP.

Associée à l’initiative citoyenne de forêt nourricière située près du parc riverain de la Sainte- Anne à Saint-Raymond, Mme Leclerc a convaincu les Aouinti-Meijri d’y cultiver une parcelle de terre. Tout au long de la période estivale, la famille a ainsi pu créer des liens avec d’autres membres de la communauté, tout en découvrant des fruits, légumes et herbes aromatiques qui lui étaient inconnus. L’expérience a été si enrichissante que le couple veut la renouveler.

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