C’est dans un champ de fraises à Pont-Rouge que le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a fait son premier arrêt de la campagne dans Portneuf ce matin. Flanqué du candidat Christian Hébert, il a présenté la proposition de son parti pour assurer la sécurité des aliments mis dans l’assiette des Québécois.
Il y a deux mois, les Canadiens ont appris que la multinationale Bayer, propriétaire de Monsanto, fabricant du Roundup, avait demandé à Santé Canada de « tripler » les seuils de résidus de glyphosates sur des légumineuses et des grains. Cette demande « a grandement inquiété » les consommateurs et les gens du Bloc, a déclaré Yves-François Blanchet. « Surprise générale, parce que personne avait demandé ça! » a-t-il lancé. Le tollé suscité par cette révélation a aussi permis aux Canadiens d’apprendre que la demande ne provenait pas de producteurs, mais était plutôt destinée à permettre l’importation de denrées présentant des seuils de résidus plus élevés.
Le cas révélé par un journaliste de Radio-Canada a mis le gouvernement dans l’embarras; la ministre de l’Agriculture Marie-Claude Bibeau a reporté la consultation d’un an, a indiqué le chef du Bloc, heureux d’avoir affaire à un gouvernement libéral minoritaire. « Quand le gouvernement minoritaire dit on va faire ça dans un an parce qu’on va être majoritaire, on ne se fait pas d’illusion, ça veut dire que le lobby des pesticides aurait gain de cause dans un an. Si le gouvernement n’avait pas été sur le seuil d’une élection ou s’il avait été majoritaire, il aurait imposé les seuils augmentés, point final! » a-t-il déclaré. Un cas similaire, mais concernant un fongicide utilisé dans la culture des petits fruits, a aussi été révélé par la suite.
Arguant que ces demandes vont à l’encontre de la tendance actuelle, autant chez les producteurs que les consommateurs, pour des produits plus sains et exempts de résidus chimiques, le chef du Bloc demande qu’une enquête soit faite afin d’évaluer si des liens existent entre Santé Canada et des multinationales des pesticides, dans le but d’encadrer les activités des lobbyistes. Le Bloc propose également une réforme du processus d’homologation des pesticides et des herbicides pour en évaluer la dangerosité. Il souhaite qu’Ottawa investisse 300 M$ sur quatre ans dans la recherche de solutions de rechange biologiques et le soutien aux agriculteurs, avec l’objectif d’éliminer rapidement les néonicotinoïdes, dont les effets délétères sur les pollinisateurs sont prouvés, et, à terme, le glyphosate
Le propriétaire de la Fraisière Faucher, Israël Faucher, affirme que les demandes faites à Santé Canada sont exagérées. « Il y a juste une explication, c’est pour que des fruits étrangers entrent sur notre marché », a-t-il exposé. Il reconnaît utiliser des aides à la culture, mais signale que son entreprise, qui emploie 150 personnes, dont 108 actuellement à la cueillette de fraises d’automne, entre autres, est encadrée par trois agronomes.
Lui-même maraîcher et producteur de cidre, le candidat du Bloc québécois dans Portneuf – Jacques-Cartier, Christian Hébert, a indiqué que la fraisière est une entreprise modèle, qui utilise des doses minimales de produits homologués et qui est toujours partante pour essayer de nouveaux projets afin d’améliorer ses méthodes de production. « On fait beaucoup d’engrais verts. Toutes les fermes s’en vont vers ça », a donné pour exemple Israël Faucher. Pour Christian Hébert, la recherche est importante puisque « tous les producteurs savent que les produits ne fonctionneront plus » éventuellement.