Dans l’univers effervescent et inspiré de Gisèle Boulianne

Photo de Johanne Martin
Par Johanne Martin
Dans l’univers effervescent et inspiré de Gisèle Boulianne
Gisèle Boulianne illustre la vie d’aujourd’hui, un monde en perpétuel changement. Photo – Johanne Martin

« Lorsque je suis devant mon chevalet, je pense à des endroits où je suis allée, à l’intensité des émotions que j’ai ressenties, à la grandeur de la planète, aux gens qui bougent, aux couleurs, aux formes. Je ne sais jamais d’avance où va m’amener mon coup de pinceau ! »

 Gisèle Boulianne illustre la vie d’aujourd’hui, un monde en perpétuel changement, modelé par l’activité humaine. Il y a sept ans, la peintre se plaçait elle-même dans l’effervescence de la vie urbaine en ouvrant, dans le Vieux-Québec, la Galerie d’art – Loft de création Gisèle Boulianne. Mais l’équilibre nécessaire à son bien-être, elle confie le retrouver à Cap-Santé.

« Sans la campagne, je ne pourrais pas peindre ce que je peins, lance-t-elle spontanément. Chez moi, où je reviens tous les soirs, je me ressource et me reconnecte avec le moment présent. Dans mes compositions, c’est très condensé, alors j’ai besoin d’espace. Et de mon fleuve, toujours extraordinaire, responsable pour une bonne part de mon choix de vivre ici. »

Un coup de cœur

Née à Saguenay, Gisèle Boulianne déménage à Pont-Rouge dès l’âge d’un an et demi. À l’exception d’une brève période où elle élira domicile dans la capitale afin de poursuivre ses études, elle y passera l’essentiel de son existence. En 2010, elle ressent l’appel du Saint-Laurent et celui d’une maison de style vernaculaire pour laquelle elle aura un coup de cœur.

« La résidence date de 1913, mais elle a été très soignée au fil du temps. Son histoire sort d’ailleurs de l’ordinaire. À l’époque, l’un des cadres de l’usine de papier de Donnacona a acheté un terrain pour son épouse, Victoria; il y a fait construire sa maison d’été, raconte l’artiste. On sait que certains des matériaux utilisés pour la finition proviennent de l’usine… »

Souvenirs de voyage

Au sommet des deux caps du village, les yeux à la hauteur des clochers de l’église, Gisèle Boulianne évoque ses souvenirs de voyage. Son parcours, ponctué d’expositions partout sur le globe, lui a révélé des panoramas spectaculaires. À Montreux, en Suisse, le paysage qui s’offrait sur le lac Léman ressemblait à ce qu’elle peut apercevoir de son « gros chalet ».

« Mais il n’y a pas que ça : j’apporte également la nature à l’intérieur, ajoute la peintre. Je m’entoure de plantes et des pièces de bois que mon conjoint Pierre, un technicien forestier à la retraite, récupère sur la grève. De mon côté, je recueille des fossiles, vestiges du temps qui passe, lors de nos promenades au bord de l’eau sur la très belle plage de Cap-Santé. »

Du Grand Nord…

Ce temps qui passe, l’artiste ne manque pas de l’associer aussi à la pandémie qui a secoué l’humanité. Dans les rues du Vieux-Québec, au début de la crise, peu de gens circulaient devant sa galerie. « Je suis tombée à plat; je ne parvenais pas à regagner mon inspiration et je n’ai presque pas produit de l’année… jusqu’à ce que j’explore le Grand Nord », dit-elle.

En janvier, à la demande d’une ex-élève partie travailler en ces contrées lointaines et qui désirait acquérir des œuvres – Gisèle Boulianne a possédé une école privée à Pont-Rouge pendant 20 ans –, la Capsantéenne se met à peindre les vents, les blizzards, les aurores boréales, les peuples autochtones et les Inuits. La série du Grand Nord d’Audreesh naissait.

… à la « finale »   

« J’ai fait des tableaux de tous les formats dans cette série, poursuit-elle. Somme toute, ça a été un succès. C’est donc Audrey, de Portneuf, qui m’a permis de redémarrer la machine. Plus récemment, j’ai peint des animaux de compagnie pour refléter l’amour des personnes envers leur compagnon, un créneau que je n’avais pas eu le temps d’exploiter auparavant. »

Le retour à la normale devrait se traduire par d’autres voyages pour l’artiste contemporaine. Elle souhaite se rendre au Japon, en Nouvelle-Zélande et en Angleterre. « Après 40 ans de carrière, je prépare aussi ma finale. Je pense par exemple à un livre qui répertorierait mes œuvres, à entrer dans des collections d’art, dans des musées… Et on verra pour la suite ! »

 

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