L’intégration des immigrants : une histoire de jumeaux dans Portneuf

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Par Denise Paquin
L’intégration des immigrants : une histoire de jumeaux dans Portneuf
Renaud Marcotte et son «jumeau» Manuel Prieto lors d'une visite à Deschambault. Photo - courtoisie

Quand Manuel Prieto a mis les pieds au Québec, le 23 janvier 2020, il les a posés dans la neige. Mais cela ne l’a pas rebuté. Aujourd’hui, avec l’aide de son «jumeau» Renaud Marcotte, il travaille à construire son avenir dans Portneuf.

Le technicien en soudure né en Colombie travaille chez Charl-Pol, à Portneuf. Il y a trouvé un emploi qui lui «permet de faire le travail pour lequel il a été engagé» et qu’il a étudié en Colombie. Maintenant, son souhait le plus cher est de faire sa vie ici, avec sa conjointe et leur bambin de deux ans.

L’homme âgé de 34 ans veut découvrir sa région d’accueil et ses gens, et surtout apprendre à parler français afin d’effectuer toutes les démarches de la vie courante. Pour l’appuyer, il peut compter sur son «jumeau» du projet le Mobilisation-Diversité pour l’aider.

«[Le but est de] travailler au rapprochement interculturel et à l’intégration de ces nouveaux arrivants, travailleurs étrangers», explique Yohann Bénas, chargé de projet en immigration, à l’occasion  de la Semaine québécoise des rencontres interculturelles qui s’est déroulée du 19 au 25 octobre. La population du Québec en 2020 compte 15,1% de citoyens nés à l’étranger, et leur nombre croît aussi dans Portneuf.

Lancé au moment où le Québec était frappé de plein fouet par la pandémie, le projet d’Accès-Travail Portneuf a tout de même réussi à former sept paires de jumeaux.

C’est après avoir lu un article dans le Courrier que Renaud Marcotte, fonctionnaire à la retraite habitant à Saint-Alban, a décidé d’y participer. C’est l’équipe du projet qui a choisi son vis-à-vis.

M. Marcotte a une bonne idée de ce que vit Manuel puisqu’il a lui-même parrainé sa femme, Pascale Vanzeebroeck, lorsqu’elle a immigré de Belgique il y a une trentaine d’années.

D’après lui, la démarche ne demande pas de prédisposition particulière, à part une volonté d’accueil et une capacité d’écoute. «La première chose c’est vraiment de les faire se sentir bien, car ce n’est pas évident d’être séparé de sa famille dans une période de COVID en plus», renchérit sa conjointe Pascale.

Renaud Marcotte a été mû à la fois par son intérêt pour la culture latino-américaine et l’importance de l’enjeu. «Je trouve que c’est une façon de contribuer à la société québécoise. Le Québec a besoin de main-d’œuvre spécialisée. En accueillant des personnes d’une autre culture, le Québec s’enrichit culturellement et économiquement», affirme-t-il.

«La plus grande barrière que nous avons en ce moment c’est la langue, mais peu à peu nous nous familiarisons avec elle», dit Manuel Prieto, dont les propos en espagnol ont été recueillis et traduits par un membre de l’équipe du projet aux fins de cet article. S’il veut s’installer au Québec, c’est «parce que je veux offrir à mon fils une éducation qui lui permette de réussir sa vie», dit-il. Cet amateur de sport se définit comme «une personne qui aime les défis et les changements dans la vie».

L’échange entre jumeaux s’effectue à travers des activités, des appels téléphoniques. Jusqu’à présent M. Marcotte a fait découvrir à M. Prieto les gorges de Saint-Alban et le marché public de Deschambault.

«Il a 34 ans. Mes enfants sont à peu près du même âge. On a appelé sa conjointe à quelques reprises. Il a un petit bonhomme de deux ans. Nous on a cinq petits-enfants. Les deux on aime la nature. Alors on a beaucoup de choses en commun», dit Renaud Marcotte.

L’apprentissage de la langue est prioritaire. «S’il ne maîtrise pas notre langue, un immigrant ne peut pas s’intégrer pleinement», dit le Portneuvois qui se sent utile dans ce type de bénévolat.

La COVID-19 est un obstacle important actuellement, concède-t-il. «Je trouve ça dommage. C’est sûr que s’il n’y avait pas la COVID on l’aurait déjà invité à souper, à aller au restaurant. J’aimerais ça l’amener visiter Québec, mais là ça pose problème. La COVID nous limite beaucoup», dit M. Marcotte qui est certain que l’échange deviendra une amitié durable.

«Je suis très heureux avec mon jumeau et sa femme parce qu’ils sont des gens formidables et de très bonne qualité humaine», dit Manuel Prieto.

 

Cet article a été modifié le 3 novembre 2020.

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