La laitue Mirabel remplacera les tomates Savoura dans les serres de Portneuf en 2021.
Hydroserre, connue pour ses laitues Boston hydroponiques, a fait l’acquisition du complexe de 3,5 hectares qui appartenait à Sagami depuis 2015.
L’entreprise de Mirabel veut augmenter et diversifier sa production pour répondre à la demande toujours croissante de légumes frais produits au Québec. «On veut augmenter l’offre sur les étals du Québec, et ce, 12 mois par année», a commenté Sylvain Terrault, président-directeur général d’Hydroserre, en entrevue le 14 août.
Hydroserre lorgnait déjà le complexe de Portneuf mis en vente l’an dernier, avant le décès de son propriétaire Stéphane Roy. «Des complexes de plus de 3,5 hectares au Québec, il n’y en a pas tant que ça. Quand c’est à vendre, il peut y avoir un intérêt», a-t-il expliqué. Avec ses 30 hectares de serres, Hydroserre devient «un des deux plus gros joueurs au Québec avec Sagami», dit-il.
M. Terrault prévoit investir environ 3,5 millions de dollars dans l’achat du complexe et sa conversion à la culture hydroponique. «Le site de Portneuf est voué à être sur de la laitue parce qu’on a notre propre besoin de croissance dans le légume feuille, notre spécialité depuis 32 ans. Il ne faut pas oublier qu’on exporte aux États-Unis», dit-il.
La volonté du gouvernement à encourager la culture en serre a motivé l’achat à Portneuf. «Ça rentre dans le message de diversité alimentaire. Tout le monde aimerait qu’on double la superficie des serres au Québec et on entend très bien le message», déclare-t-il. En contrepartie, les serriculteurs demandent à Québec de les aider. «Ce n’est pas nécessairement un domaine facile et c’est très dispendieux en infrastructure», ajoute-t-il.
La famille Gosselin a construit les Serres du Saint-Laurent à la fin des années 1980 dans le sillage de la politique d’autonomie alimentaire du gouvernement du Parti québécois, «quand le ministre de l’Agriculture Jean Garon a voulu faire du Québec une petite Hollande», rappelle M. Terrault. «On peut valoriser les plus vieux complexes qui, je crois, ont encore de bonnes années à donner encore», dit-.il
La cinquantaine d’employés affiliés au syndicat TUAC, section 501, ne devraient pas subir d’impact négatif de cette transaction.
Hydroserre prendra possession le printemps prochain, une fois terminé le cycle actuel de production de tomates. Les travailleurs pourront choisir d’être transférés dans un autre complexe de Savoura ou demeurer à Portneuf. «On va les accueillir à bras ouverts», dit le PDG qui prévoit ouvrir quelques postes supplémentaires. «On a des besoins additionnels dans la laitue», dit-il.
«C’est un bon employeur. Nous avons l’expérience de Mirabel. Les conditions de travail chez Hydroserre sont supérieures à Savoura», a indiqué Roxanne Larouche, responsables des communications du syndicat. «On va tout faire pour protéger leurs droits, rester à l’affût et maintenir le dialogue», ajoute-t-elle. Les TUAC représentent près de 700 travailleurs dans le secteur serricole au Québec.
Coup de pouce de Québec et d’Hydro-Québec
Sylvain Terrault souligne l’ouverture du gouvernement à la serriculture et les mesures annoncées tant par Québec que par Hydro-Québec.
Québec a prévu au budget 2020 une enveloppe de 65 millions $ pour accélérer la croissance de l’industrie et améliorer les branchements électriques.
Le 10 juillet, Hydro-Québec a annoncé qu’elle appuiera le développement serricole en élargissant les mesures déjà offertes depuis 2013 aux producteurs de serres. La société d’État veut offrir son tarif de 5,9¢ le kW de l’éclairage pour la photosynthèse aux plus petits complexes (seuil d’admissiblité à 50 plutôt qu’à 300 kW) et l’appliquer au chauffage.
L’abaissement du tarif d’électricité ouvrira la porte aux petits joueurs tandis que l’inclusion du chauffage au même tarif profitera à tous. «C’est un avantage direct qu’on va avoir. Ça va nous permettre d’être plus compétitifs», affirme-t-il.