Tous auront remarqué que l’activité principale de l’enfant est le jeu. En effet, le jeu fait partie intégrante de son être. Ainsi, il peut aisément s’y adonner lorsqu’il est seul, mais aussi avec les autres, soit des amis ou des adultes significatifs pour lui. Cela lui permet de s’adapter à des contextes qui autrement seraient pénibles pour lui (comme par exemple, l’attente durant la préparation d’un repas). C’est aussi par le biais du « jeu libre » qu’il exprime ses états d’âme personnels. Pour ce faire, il va se projeter dans des rôles qui l’inspirent comme devenir un chef ou être un chevalier puissant ou un parent qui prend soin des enfants. Il peut aussi mettre en scène des parties de lui qu’il parvient mal à assumer ou à intégrer. Souvent, il aura recours à de la figuration de méchants ou à des personnages qui se font punir car ils n’écoutent pas ce que les adultes lui disent, par exemple.
Une des propriétés les plus intéressantes du jeu libre est qu’il fait appel obligatoirement à l’imagination. En jouant avec un enfant, on parvient à découvrir cet univers où les possibles sont infinis. Chaque enfant est unique dans sa manière de jouer et aura tendance à répéter un style de jeu qui lui est propre. Le jeu libre est loin d’être une activité banale et futile. Au contraire, elle est un terrain de rencontre extraordinaire par son caractère sincère.
Étant donné que le jeu libre est le moyen privilégié pour exprimer des émotions, il est aussi doté d’une grande portée curative dans un contexte de psychothérapie de l’enfant. C’est par son entremise que le psychologue d’enfants analyse la dynamique psychique de l’enfant qu’il a en traitement. Par un véritable travail de traduction, il peut alors dégager un sens à partir des scènes mises en place par l’enfant. Ainsi, celui-ci sera entendu dans toutes les dimensions de son être.
On n’insistera jamais assez sur l’importance de porter attention au jeu libre de l’enfant soit en l’observant et en commentant, soit en jouant avec lui. Il est important de ne pas diriger le jeu, mais plutôt d’être en position d’écoute et d’ouverture. Plusieurs adultes disent en retirer eux-mêmes des bénéfices en constatant un apaisement tout en vivant le moment présent. Cela permet aussi de bonifier l’attachement entre l’adulte et l’enfant et avoir une incidence positive sur l’estime de soi de l’enfant.
En somme, le jeu libre est essentiel à une bonne santé psychique et son absence devrait nous questionner. C’est malheureusement cette absence qui survient souvent lorsque le temps-écran prend la place de celui qui devrait être consacré au jeu libre. Nous y reviendrons sur ce mal de plus en plus envahissant.
Geneviève Lapointe
Psychologue, Centre de santé Neuville
genevievelapointepsychologue@videotron.ca