Le débat diffusé le 8 octobre à CJSR a permis aux candidats de positionner clairement leur parti sur l’échiquier électoral dans Portneuf – Jacques-Cartier. Reste à voir si cela aura un effet sur le vote des électeurs le 21 octobre.
Ceux qui ont regardé jusqu’à la fin la joute organisée par la télévision communautaire de Saint-Raymond – diffusée simultanément dans Portneuf et sur CCAP dans la Jacques-Cartier – ont assurément une idée plus claire aujourd’hui du choix qui s’offre à eux.
Dans une campagne qui mise presque exclusivement sur les chefs, c’était l’occasion à ne pas rater pour les candidats de faire bonne impression. Des six candidats, seul celui du NPD n’était pas de cet avis ; il était absent.
Contrairement aux débats nationaux, les candidats ont profité des 90 minutes qui leur étaient allouées pour exposer leur programme plutôt que de polémiquer dans la cacophonie comme cela avait été le cas au débat télévisé en anglais lundi soir. Le mot laïcité n’a jamais été prononcé même quand il a été question d’immigration. Par contre, les échanges n’ont pas été exempts de phrases toutes faites et d’approximations, notamment sur l’aide aux médias et les changements climatiques.
Les choix
Les candidats ont donc positionné clairement leurs partis. À une extrémité, le Parti vert fait ses priorités de l’urgence climatique et de l’attribution d’un salaire minimum garanti comme moyen de redistribution pour lutter contre la pauvreté. À l’autre bout du spectre, le Parti populaire du Canada nie le problème climatique, prône l’élimination des subventions et fait de la loi du marché le seul outil de gouvernance fédérale.
Entre les deux, le Bloc québécois navigue toujours vers l’indépendance et veut rapatrier à cette fin un maximum de responsabilités et de crédits fédéraux afin de mieux répondre aux besoins des Québécois. Le Parti libéral compte continuer à soutenir la classe moyenne, à lutter contre les changements climatiques et à aligner les réalisations et les promesses fondées sur des valeurs d’inclusion, d’équité et d’empathie envers la communauté. Enfin, le Parti conservateur mise sur son plan vert et ses engagements économiques, dont plusieurs nouveaux crédits fiscaux, pour mettre plus d’argent dans les poches des contribuables.
On est d’accord
Les candidats se sont quand même entendus, ou presque, sur quelques points, dont l’accès à Internet haute vitesse pour tous. Ils souhaitent aussi combler la pénurie de main-d’œuvre par un assouplissement des règles d’immigration de façon à accélérer l’arrivée de travailleurs.
Marie-Claude Gaudet, du Parti vert, et Joël Godin, du Parti conservateur, veulent des allègements fiscaux pour ramener les retraités sur le marché du travail. Luca Abatiallo, du Parti populaire, mise aussi sur une hausse de la productivité et la robotisation des entreprises. Mathieu Bonsaint, du Bloc québécois, demande l’abolition de la règle de l’employeur unique qui prive de main-d’œuvre des entreprises. La candidate libérale Annie Talbot a souligné qu’il est aussi important de former la main-d’œuvre, indiquant que son gouvernement avait lancé un investissement de 5,5 G$ dans ce domaine.
Le député sortant Joël Godin a rappelé que son projet de coopérative de travailleurs n’avait pas été accepté par le gouvernement Trudeau. «Pourquoi vous dites non aux régions?» a-t-il demandé à la libérale Annie Talbot. Elle a rétorqué qu’en parlant des régions, il fallait avoir une vue plus large, ajoutant que le gouvernement avait investi 23 M$ en infrastructures dans Portneuf – Jacques-Cartier depuis 2015, «six fois plus de projets soutenus que dans les dix années précédentes», a-t-elle déclaré.
On l’est moins ou pas du tout
Après avoir participé à un débat consacré sur l’environnement, le 3 octobre, les candidats ont réitéré leur position. Marie-Claude Gaudet, du Parti vert, a invité les électeurs à prendre connaissance du Pacte pour la planète et à ceux qui ont marché pour le climat le 27 septembre, à faire aller «leurs babines avec leurs bottines» en votant vert.
Mathieu Bonsaint, du Bloc québécois, mise sur la réduction de l’utilisation des énergies fossiles et a décrié à la fois l’achat du pipeline Trans Mountain par le gouvernement libéral et le projet de corridor énergétique du Parti conservateur.
Le candidat conservateur Joël Godin a encore une fois pris à partie la libérale Annie Talbot en mettant en doute la cohérence et la crédibilité de son gouvernement qui veut être carboneutre, mais qui achète un pipeline. Cette dernière a répliqué en notant que le corridor énergétique du Parti conservateur ne passerait pas dans Portneuf : «Qu’en est-il de ce corridor énergétique pour lequel vous vous êtes engagé à ce fameux pas dans ma cour. Est-ce que ça veut dire qu’il y a des circonscriptions où ce sera moins grave que dans Portneuf – Jacques-Cartier ?
L’organisation du débat
Les candidats devaient répondre à quatre questions portant sur l’économie, la culture, les changements climatiques et la vie communautaire. Le débat était pour la première fois soutenu par quatre chambres de commerce qui ont concocté la question sur l’économie.
Les candidats avaient été informés des thèmes, mais pas des questions, a indiqué l’animateur Michel Beausoleil. L’ordre de réponse, tout comme celui de présentation et de conclusion, avait été choisi au hasard.