Vieillir: attention aux clichés!

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Par Geneviève Lapointe
Vieillir:  attention aux clichés!

« D’ici une vingtaine d’années, la société québécoise sera une des plus vieilles en Occident », titrait une nouvelle sur le site de Radio Canada en 2016. Au-delà des statistiques démographiques, la présente chronique amorce une réflexion au sujet des aînés et du vieillissement.

Une société a toujours un point de vue à propos du vieillissement de ses citoyens. Aujourd’hui, dans la nôtre, parmi les différentes visions du phénomène, l’une d’elles associe le vieillissement à la mort, à ce qui décline, à la perte de capacités. Les gens qui manifestent cette perception de la vieillisse ont peur de vieillir eux-mêmes. Bien que le cours de la vie nous conduit ultimement à la mort, ce n’est pas une raison pour conclure que le vieillissement est presque synonyme de mort. Selon un chercheur français, dans la France du 19e siècle, les personnes âgées étaient fort respectées de l’ensemble des gens pour leur conseils et, disait-on, pour leur sagesse. Ils étaient reconnus pour avoir un regard constructif et unique sur les problèmes à résoudre. Comme la mortalité était souvent associée à la jeunesse (mortalité infantile, épidémie, etc.) ou à l’âge du jeune adulte (décès au combat ou des suites d’un accouchement, etc.), les vieilles personnes jouissaient d’une perception de force et de résistance, car elles avaient pu éviter ces diverses causes de mortalité.

Actuellement, notre société nous empresse d’apprécier l’humain surtout à travers son aspect physiologique et, par conséquent, de considérer que toute réflexion à propos du vieillissement se réduit à la dimension corporelle. Cette façon de voir le vieillissement pose un problème majeur à cette réalité qui ne se résume surtout pas à son aspect physique. En effet, on oublie le principal, soit l’essence d’une personne, c’est-à-dire son caractère, ce qui perdure dans le temps sans égard aux changements physiques. C’est par le caractère qu’une personne se distingue d’une autre et qu’elle reste fidèle à elle-même. Ce caractère parviendra à s’épanouir avec l’âge, à laisser aller les futilités et à voir l’essentiel de la vie.

Des erreurs d’appréciation sont souvent commises. À titre d’exemple, le cas d’un homme âgé devenant ému lorsqu’une dame lui ouvre la porte, pourrait facilement être interprété par un observateur comme étant un attendrissement dû à l’âge, plutôt qu’émanant tout simplement du caractère de cet homme. Une personne âgée a le droit de vivre et d’exprimer ses émotions, que ce soit de la tristesse ou de la colère. Rien n’indique qu’il faille attribuer cela à l’avancement en âge. Dans un autre registre, il faut être conscient de l’importance que peut apporter à tous l’expérience de celui qui a vécu avant nous. Sans compter le plaisir pour cette personne de nous raconter les histoires de sa vie et de son temps.

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