La terre : une boule à mythes: 1. Vieux comme l’humanité

Photo de Denise Paquin
Par Denise Paquin

Dans mon dernier billet, j’ai fait l’éloge du printemps. Quand vous avez reçu et lu mon texte, il faisait froid, le ciel était gris et nous nous relevions de trois jours de pluie. J’avais fait du printemps un mythe : ma croyance d’un printemps chaud et tout en verdure n’était pas fondée sur la réalité. Les faits ont contredit le mythe qui était, somme toute, bien inoffensif et sans conséquence. Ce qui n’est pas toujours le cas. Depuis les dessins de l’homme des cavernes, peut-être exécutés par des femmes, chaque civilisation a construit une mythologie : les êtres humains se sont conté des histoires afin de répondre aux questions existentielles qui les hantaient. Les grands livres de l’histoire humaine contiennent ces contes, qu’ils soient profanes ou prétendument inspirés par un dieu quelconque : l’Iliade, l’Odyssée, la Torah, la Bible (l’Ancien et le Nouveau testament), le Coran et tant d’autres. Pour rallier les croyants et s’assurer de la fermeté de leur adhésion, on a veillé à donner à certains textes religieux un caractère sacré, absolu et définitif. Pendant des siècles, les gens ont pu être soulagés dans leurs grandes angoisses et trouver des réponses aux questions fondamentales grâce au contenu mythique de ces textes. Faute de connaissances, on se réfugiait dans les croyances. Malgré tout, on apprenait à travers ces contes, à vivre sa vie, seul ou en relation avec d’autres; on édifiait une certaine moralité; on les illustrait par des oeuvres littéraires, par des sculptures ou des peintures; on s’en servait pour comprendre nos défaites et négocier avec la dernière, celle qui nous emporte tous et toutes. Mais contrairement à la science qui est universelle, les mythologies avaient des caractéristiques particulières qui les distinguaient les unes des autres. Le problème venait du fait que chacune de ces mythologies se prétendait universelle et immuable. La science, de son côté, évoluait en dépit et grâce à ses erreurs en laissant une place au doute. Fatalement, les affrontements étaient inévitables entre le savoir et les croyances mais aussi entre les tenants de mythologies différentes, notamment celles où la religion tient une place majeure. Certaines sociétés ont réussi à se libérer de l’emprise de la pensée mythique mais dans certaines autres, force est de constater que nous en sommes encore loin. Dans le prochain billet, je ferai le tour de certaines idées qui ont encore la vie dure et qui, hélas ! sont à la source de grands malheurs contemporains. La semaine prochaine : Quelques mythes sulfureux.  

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