Les Hrez-Haddad ont fait leur nid, chez eux, à Saint-Ubalde

Photo de Francis Beaudry
Par Francis Beaudry
Les Hrez-Haddad ont fait leur nid, chez eux, à Saint-Ubalde

Arrivés il y a 11 moins à Saint-Ubalde, Evlyne Haddad et Hani Hrez ont eu à vivre tout un dépaysement. De la ville de Damas au comté de Portneuf, en passant par le Liban, le couple de Syriens se retrouvera à plus de 8000 kilomètres de sa ville natale pour démarrer une nouvelle vie.

C’est dans une petite maison fraîchement décorée aux couleurs de l’arrivée d’un nouveau-né qu’Evlyne Haddad nous a reçus. Alors que son poupon de quelques semaines était chouchouté par Johanne Juneau, du comité d’accueil, la jeune mère s’est livrée au récit du départ de la Syrie et de l’arrivée de sa famille dans la région.

S’exprimant dans un français presque sans faille, c’est avec le sourire qu’Evlyne a accepté de raconter son histoire.

Un univers qui a basculé

«La première chose que les Syriens recherchent, c’est la sécurité pour leur famille», déclare Evlyne quand on lui demande ce qui les a poussés, elle et sa famille, à quitter son pays. À partir du déclenchement de la guerre civile au printemps 2011, dans le sillage du Printemps arabe, la Syrie s’est enfoncée dans le conflit et est devenue de moins en moins sécuritaire.

Pour Evlyne et Hani, tous deux habitants de la capitale, Damas, les perspectives devenaient de moins en moins réjouissantes. «C’était de plus en plus difficile de pouvoir acheter la nourriture dont on avait besoin. C’était aussi plus difficile de savoir si on allait pouvoir envoyer nos enfants à l’école», explique Evlyne. Ils en sont venus à la décision de quitter la Syrie et de s’installer à Beyrouth en attendant de se diriger vers le Canada.

L’attente qui a duré toute l’année 2016 dans la banlieue de Beyrouth n’a pas été de tout repos pour le couple Hrez-Haddad. S’ils étaient plus loin de l’instabilité de leur terre natale, le sentiment d’attente était délicat à gérer. «C’était difficile pour nous parce qu’on ne pouvait pas vraiment chercher du travail. On ne savait pas si on aurait à le quitter très rapidement», explique-t-elle.

La famille a aussi été malchanceuse. Elle était quelques rangs trop loin dans la file d’attente lorsque s’est bouclé le quota de 25 000 réfugiés syriens acceptés au Canada pour l’année 2015-2016. Elle a dû patienter jusqu’en 2017 pour finalement recevoir l’appel de l’ambassade.

Une communauté aux bras grands ouverts

Pour Gilles Pellerin, initiateur du comité d’accueil qui a parrainé l’arrivée d’Evlyne et d’Hani, le fait de parrainer des réfugiés était très important. «J’ai lu l’adresse du pape François qui disait que chaque paroisse devrait collaborer en accueillant une famille de réfugiés syriens. Je me suis dit qu’on devait le faire», affirme-t-il.

C’est le travail acharné d’un comité de 12 personnes qui a mené à l’arrivée d’Evlyne, d’Hani et de leur fille Lamitta le 24 février 2017 à Montréal. Ils ont été installés dans une maison que le comité leur a trouvée et ils ont reçu une quantité importante de dons en meubles et en électroménagers pour les aider à démarrer leur nouvelle vie.

Pour la venue au monde d’Andrew, le 27 décembre, Johanne Juneau s’est offerte pour garder Lamitta quelques jours et a pu constater la place qu’occupe le comité dans la vie de la jeune famille. «Elle est arrivée chez moi et elle a tout de suite été à son aise. C’est comme si j’avais été sa grand-mère», dit-elle au sujet de la fillette.

La gratitude d’Evlyne face au travail du comité est évidente. Elle n’hésite pas à comparer les 12 personnes à une mère de famille. «Ils sont là, ils donnent tout ce dont on a besoin sans jamais rien demander en retour. Ce sont des gens qui ont ouvert leur coeur pour nous», dit-elle.

Faire pousser des racines

Avec le premier anniversaire de son arrivée au Québec qui approche, la petite famille peut commencer à se projeter dans l’avenir.

Si obtenir un emploi d’animatrice dans les médias pour Evlyne ou encore un de représentant pour Hani comme en Syrie n’est pas encore dans les plans, en raison de la barrière de la langue, leur volonté de faire leur vie ici est claire. Hani vient de commencer à travailler chez Patates Dolbec, non loin de chez eux. Evlyn pense attendre un peu avant de recommencer à travailler, puisque ses deux enfants en bas âge lui prennent déjà beaucoup de temps.

Entre francisation, enfants et travail, la jeune famille perçoit et apprécie l’ouverture que leur manifeste la population de Saint-Ubalde. «On voit l’accueil des gens dans leurs yeux, quand ils viennent nous voir ou qu’on les croise, c’est par leur regard qu’on voit qu’ils sont contents de nous rencontrer», conclut Evlyne Haddad.

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