Churchill, De Gaulle et Obama

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Par Denise Paquin

Le 13 mai 1940, Winston Churchill prononça un discours historique devant le Parlement britannique en s’inspirant des mots de Garibaldi en Italie un siècle auparavant et de ceux de Roosevelt quelques décennies plus tôt. Les nazis menaçaient l’Angleterre et l’heure n’était pas à la jovialité. Churchill n’y alla pas mollement : « Ce que je vous offre et vous promets est très simple : de la sueur, du sang et des larmes ! ». Un ton, vous conviendrez, pas très électoraliste. Un mois plus tard, le 18 juin, le général De Gaulle fit, lui aussi, son appel à la résistance et au courage : « Je convie tous les Français où qu’ils se trouvent, à s’unir à moi dans l’action, le sacrifice et l’espérance ». L’appel au sacrifice n’est pas, lui non plus, très aguichant. Que voilà un mot banni aujourd’hui dans tous les cours de formation pour spécialistes en communication ! Les temps ont bien changé, on n’invite plus les gens à se dépasser mais à dépenser et on n’appelle pas à la résistance mais à la résignation devant les diktats des plus puissants. Or, jamais dans l’histoire, l’humanité n’a été confrontée à sa propre disparition comme elle l’est aujourd’hui. Dans une entrevue récente, on demandait à Hubert Reeves si l’humanité existerait encore à la fin du présent siècle. D’un ton grave, il dit : « Je ne peux répondre à cette question ». Le savant ne pouvait pas exposer la gravité de la situation de manière plus éloquente. Tous les scientifiques le disent, il faut collectivement, planétairement, poser des gestes qui vont bousculer nos habitudes et notre quiétude. En 1940, il était question de guerre et de paix, aujourd’hui, c’est une question de vie ou de mort de l’humanité. La récente venue chez nous de Barack Obama aurait pu être l’occasion pour ce dernier de faire un discours historique, à la hauteur des exigences de la situation. Il s’est contenté, hélas, de nous parler d’espoir. Or, l’espoir, sans actions décisives, exigeantes et dérangeantes n’est qu’un mot. Pour que l’espoir se matérialise, il faut nommer l’enjeu, avancer une vision, dénoncer les adversaires et articuler les exigences et sacrifices nécessaires. Churchill, De Gaulle, revenez ! Correctif : la semaine dernière j’ai laissé entendre que seul le Parti québécois avait compté dans sa députation des gens de couleur. Ce parti n’est évidemment pas le seul. J’avais biffé le mot seul mais il s’est retrouvé dans la copie que j’ai envoyée au journal.

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