Il y a longtemps que la population de Saint-Ubalde gardait dans son coeur une place de choix pour la famille Hrez. Après plus d’un an d’attente, la communauté a enfin pu rencontrer Evlyne, Hani et leur petite de 17 mois, Lamitta, dans une ambiance chaleureuse et émouvante, le 5 mars. Quelques jours plus tard, Pont-Rouge soulignait l’arrivée d’une autre famille Hrez. Environ 200 personnes ont profité du brunch des Fermières de Saint-Ubalde, servi au centre communautaire, pour souhaiter la bienvenue à ces immigrants syriens. Cette première sortie mondaine a beaucoup ému les Hrez, arrivés de Damas, en Syrie, avec seulement quelques valises, prêts à repartir à neuf. C’est la priorité de cette famille dont le passé est incrusté par la peur et la violence à cause de la guerre. Premières impressions Avec la complicité de Nawel Hanchi, une Tunisienne qui vit à Saint-Ubalde depuis près de quatre ans, le Courrier a pu s’entretenir avec le couple de réfugiés. Que pensent-ils de l’accueil reçu aujourd’hui? «Il n’a jamais pensé que le monde allait les accueillir comme ça et être si proche et si gentil avec eux! Ils se sentent en sécurité parmi des gens qu’ils n’ont jamais connus», a dit Nawel, qui a traduit la déclaration en arabe de Hani. Quels déchirements ont provoqué leur départ de la Syrie? Instantanément, Evlyne se lance. «Elle n’a jamais vraiment souhaité quitter son pays, mais comme ce n’était plus sécuritaire. Sa famille et son travail [N.D.L.R.: Evlyne était journaliste à la télé] vont lui manquer», a relaté Nawel. Tous les liens familiaux ne sont cependant pas rompus. Hani et les siens sont montés à bord du même avion que son frère Rober, qui habite à Pont-Rouge avec sa femme et ses deux garçons. «Il est vraiment content que son frère soit à Pont-Rouge. Il pourra le voir souvent et ça garde leur famille unie», a souligné Nawel, avant d’ajouter qu’Hani a une soeur qui habite à Halifax, en Nouvelle-Écosse, depuis septembre dernier et que son autre frère est attendu à Saint-Basile au cours des prochains mois. Une grande famille «Ils sont fiers de voir qu’ils peuvent déjà compter sur une grande famille», poursuit Nawel en pointant tout le monde dans la salle. Avec Noël Malo, un Syrien qui habite dans Portneuf depuis 47 ans, elle facilite les échanges entre les Hrez et le comité d’accueil, «la grande famille» de 13 citoyens de Saint-Ubalde, qui se partage les responsabilités et qui les soutiendra pour la prochaine année. «Tous ceux qui les ont rencontrés ont été émerveillés de voir ce couple si souriant, si avenant. Ils se sentent chez eux et ça nous dit que ce qu’on fait, ça répond à leurs besoins», a commenté le diacre du village, Gilles Pellerin. C’est lui qui a initié le parrainage entre les Hrez et le village de Saint-Ubalde après avoir entendu une déclaration du pape François. Avec d’autres membres du comité et quelques citoyens, M. Pellerin est allé cueillir les Hrez à l’aéroport, à Montréal, le 24 février pour les ramener jusqu’à la maison, où ils sont enfin arrivés dans la nuit du 25 février, vers 2h. «La maison des Syriens» Parlant de maison, les cinéastes portneuvois Nadine Beaudet et Christian Mathieu Fournier, des Productions Les vues du fleuve, travaillent au tournage d’un documentaire intitulé «La maison des Syriens». La sortie est prévue cet automne. Le film relatera les démarches du comité depuis le début et les premières semaines qui ont suivi l’arrivée des Hrez à Saint-Ubalde. On fête aussi la famille de Rober L’aîné de Hani, Rober, est aussi arrivé la même journée à Pont-Rouge avec sa femme Nelly et leurs garçons Peter et Roger. Toute la petite famille Hrez a été applaudie lors d’un dîner à la cabane à sucre le 10 mars. Une soixantaine de personnes, dont des représentants de trois comités de parrainage dans Portneuf, ont participé à la fête, dont la famille de Hani. Rober est très heureux de l’accueil qu’ils ont reçu à l’aéroport et à Pont-Rouge. Il dit qu’ils sont bien entourés, traduit M. Malo. La seule barrière est celle de la langue, mais ils veulent apprendre le français rapidement. Nelly est esthéticienne et Rober, coiffeur, mais il est prêt à apprendre n’importe quel métier. Gaston Pageau est très près des nouveaux arrivants syriens. Il voulait leur faire découvrir la cabane à sucre, symbole du Québec, dit-il. Selon lui, les enfants n’ont pas trop de difficultés à s’adapter au Québec. Après avoir tâté la neige avec prudence, un des garçons a vite appris à faire des balles de neige qu’il a lancées… à son père et à faire un bonhomme de neige. Il a aussi chaussé les patins. Hani et Rober attendent leur frère aîné qui est toujours dans un camp au Liban. La demande du comité de parrainage de Saint-Basile a été refusée l’automne dernier parce qu’il est retourné en Syrie pour aider ses parents, explique Diane Émond, ce qui l’a disqualifié aux yeux des autorités canadiennes. Le comité doit reprendre toutes les démarches et présenter une nouvelle demande. Cela prendra un an, même si on espère que le processus se fera plus rapidement. Avec la collaboration d’Alain Turgeon