Le pianiste Jean-Michel Dubé lance son premier album

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Par Denise Paquin

D’abord prévue pour septembre, puis annoncée pour le 4 novembre, la sortie d’«André Mathieu: l’oeuvre complète pour piano solo» est maintenant disponible en magasin, notamment chez Archambambault et Renaud Bray.

En plus de faire sa première marque sur le marché du disque classique, Jean-Michel Dubé propose aux mélomanes le premier enregistrement de la totalité des oeuvres connues pour piano du «Mozart québécois» André Mathieu (1929-1968) dont le père, Rodolphe, était originaire de Grondines.

Le public portneuvois a eu la chance de découvrir l’oeuvre et l’album en premier lors du concert du jeune virtuose le 2 octobre à l’église de Cap-Santé. À la suite de sa prestation, Jean-Michel Dubé a littéralement été pris d’assaut par des admirateurs qui souhaitaient faire autographier leur CD.

Étape importante

Ce premier album est un grand moment pour le jeune pianiste qui vient de fêter ses 25 ans. Il l’a enregistré grâce à sa victoire l’an dernier au Concours de musique Hélène-Roberge à Repentigny.

L’album met aussi un point d’orgue à une année faste. En mai, Jean-Michel a gagné le grand prix tous instruments confondus au Concours de musique de Sorel-Tracy. En juin, au Prix d’Europe, à Montréal, il a remporté le deuxième grand prix tous instruments confondus (Prix Pierre Mantha), assorti d’une bourse de 5000$, le premier prix dans la catégorie claviers, et le prix John Newmark, pour ses qualités musicales et esthétiques. Plus récemment, il a été choisi pour une résidence à la Montée des Arts, à Mont-Saint-Hilaire.

Seul regret pour Jean-Michel, l’énergie requise par l’enregistrement l’a obligé à mettre une croix sur le prestigieux Concours OSM Manuvie qui était consacrée au piano et aux percussions.

Le musicien a tout de même «énormément de projets en vue». En juillet 2017, il réalisera un de ses rêves en allant faire un stage de perfectionnement de six mois en Europe. «Je veux perfectionner le piano quatre mains avec ma copine Rose-Marie Duval-Laplante et après je veux me présenter à un concours international à la fin du séjour», explique-t-il. Il réalisera cette première probablement en Écosse.

Son but ultime, c’est de jouer au concours international de Genève en 2018. Il s’agit de l’un des dix plus importants concours internationaux.

André Mathieu? Pourquoi pas!

Q. Pourquoi avoir choisi André Mathieu pour ce premier enregistrement?

R. Cette idée vient, en partie, de Bruno Laplante qui s’est occupé de publier les partitions d’André Mathieu. Je me disais que ce serait bien que je fasse quelque chose qui n’a pas été beaucoup enregistré. C’est là qu’il m’a dit: «André Mathieu?» Pourquoi pas! Il est difficile à classifier parce que sa musique est moderne et en même temps ça sonne romantique, ça s’écoute très bien.

Q. Tu as fait des choix importants pour ce disque?

R. J’ai décidé de laisser le concours de l’Orchestre symphonique de Montréal de côté. Ça a été un bon choix finalement parce que c’est une première mondiale. Ces pièces solos n’ont jamais été enregistrées au complet. Alain Lefèvre a fait 11 morceaux, moi j’en ai fait 24, l’intégrale. Je lui ai envoyé mon disque et il était ravi évidemment parce qu’il a travaillé tellement longtemps à ce que les gens jouent André Mathieu.

Q. Qu’est-ce que tu as trouvé de particulier dans le répertoire d’André Mathieu?

R. Je trouve que son plus grand génie est dans ses premières pièces parce que c’est dans ces pièces qu’on retrouve le plus la main de Mathieu. Quand il est plus vieux, il est influencé énormément par la musique qu’il entend. Il est allé à Paris, donc il est influencé par la musique française. Quand on entend «Les Mouettes», on entend Debussy, Ravel. Quand on entend «Printemps canadien», c’est l’influence de la musique russe, Rachmaninov, Tchaïkovsky. Le «Concerto de Québec» c’est pareil. Alors que lorsqu’il avait quatre ou cinq ans, «Les gros chars», tout ça ça vient de lui. Il se collait l’oreille sur les rails et il entendait la vibration des trains. C’est vraiment l’inspiration du moment.

Q. Comment t’es-tu préparé à jouer ces pièces?

R. Je me suis fié beaucoup aux enregistrements de Mathieu par Mathieu. Mon but c’était d’enregistrer Mathieu tel que lui l’aurait voulu. Être fidèle à sa pensée et à ce qui est écrit dans les partitions.

Q. Pour le prochain album, vas-tu chercher à faire connaître d’autres compositeurs inconnus du Québec?

R. Il va probablement y avoir encore du Mathieu. Probablement que je vais faire des compositeurs plus classiques aussi. Peut-être la Vallée d’Obermann, de Liszt, parce qu’il y a plusieurs personnes qui me la demandent. Je veux immortaliser des oeuvres que j’ai beaucoup jouées dans des compétitions qui m’ont rapporté beaucoup. Il va quand même y avoir une partie du disque qui sera du répertoire peu connu.

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