Forum agricole et agroalimentaire de la Capitale-Nationale: le Grand Marché, marché ou épicerie?

Photo de Denise Paquin
Par Denise Paquin

Construit au coût de 20 millions $, le Grand Marché ouvrira ses portes en 2018 dans le Pavillon du commerce à ExpoCité, voisin de l’amphithéâtre Vidéotron de Québec.

Il sera un carrefour de l’agroalimentaire et «une vitrine de la diversité régionale et de la nordicité», a déclaré Daniel Tremblay, directeur de la Coopérative des horticulteurs de Québec, en exposant le projet le 28 avril.

Pour faire du Grand Marché le plus beau en Amérique, les promoteurs sont allés voir les plus beaux marchés au monde. «On a étudié des dizaines de marchés pour déterminer les éléments à intégrer», a souligné M. Tremblay.

L’espace de 76 000 pieds carrés sera trois fois plus grand que le marché public du Vieux-Port qu’il remplacera. Il comptera 100 étals saisonniers, 20 permanents et une trentaine de boutiques. «Il réunira l’ensemble des producteurs agroalimentaires pour que les gens puissent faire leur épicerie», a ajouté Daniel Tremblay.

La vision d’un marché-épicerie est partagée par le maire de Québec Régis Labeaume. Il a suggéré que le marché fasse une place aux produits ethniques. Il voit également s’arrimer une serre, une garderie, des événements saisonniers, une émission de télévision pour en faire un pôle d’attraction majeur à Québec.

Mais cette vision de marché-épicerie ne fait pas l’unanimité. «Il ne faudrait surtout pas que ce marché devienne un supermarché», a averti le réputé critique gastronomique Philippe Mollé, membre d’un panel avec le chef Jean Soulard et Maurice Doyon, de l’Université Laval,.

Le marché doit être un lieu unique de «rassemblement de la ruralité à l’urbanisation […] où les producteurs partagent leur savoir-faire», a décrit M. Mollé. «Un marché ce n’est pas une épicerie», a statué le critique déplorant que le marché Jean-Talon, à Montréal, soit devenu «un marché de revendeurs» parce qu’on y vend des produits qui ne sont pas cultivés ou produits au Québec.

C’est aussi ce que pense Louis Arsenault, de la Fromagerie des Grondines. Tout en reconnaissant le Grand Marché comme un élément important de la stratégie agroalimentaire de la Capitale-Nationale, il affirme qu’il «faut que ça demeure un marché dans lequel on va retrouver le local» et non «un marché où l’on va retrouver 10 variétés d’épices… ».

Louis Arsenault invite les promoteurs à ne pas oublier que c’est un investissement d’argent public. «Honnêtement, je n’ai pas été convaincu. On ne veut pas une épicerie, mais ce n’est pas sûr que ça a été bien entendu par nos élus», conclut-il.

 

 

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