Dans un communiqué émis la semaine dernière, le Comité neuvillois pour la défense du bien commun déplore le recul d’Ottawa à l’approche de l’adoption de la modification au règlement. Dans un dernier espoir de renverser la vapeur, il invite les gens préoccupés par les récents changements à faire part de leurs commentaires en écrivant à la ministre des Transports Lisa Raitt avant le 11 août.
En février, le ministère des Transports annonçait qu’il comptait reprendre le pouvoir d’interdire l’aménagement ou l’agrandissement d’un aérodrome, incluant tout changement au niveau des services ou de l’exploitation, en tenant compte de la sécurité aérienne ou de l’intérêt du public. Il obligerait les promoteurs à mener des consultations avant d’implanter ou d’agrandir un aérodrome. Cette modification venait combler en partie le vide juridique qui depuis 2010 donne toute latitude aux aérodromes privés.
Or, les gens du Comité neuvillois ont appris en lisant le «Règlement modifiant le Règlement de l’aviation canadien» publié dans la Gazette du Canada, le 11 juillet, que le règlement ne touche pratiquement pas les aérodromes en place. Il s’appliquera uniquement dans le cas où Neuville Aéro veut construire une nouvelle piste ou allonger la piste existante de 100 mètres ou de 10% de sa longueur actuelle. Dans ces seuls cas, les propriétaires seront tenus de consulter la Ville et la population habitant dans un rayon de 4000 mètres de l’aérodrome.
Les changements apportés à la suite de la consultation d’une quinzaine d’associations de l’aéronautique, opposées à la modification qui imposait de nouvelles obligations aux promoteurs, «amplifieront plutôt qu’elle ne règlera le problème», affirme Jean-Pierre Lorrain, porte-parole du comité citoyen.
«La nouvelle proposition règlementaire permettra de régler la question des futurs aérodromes à la satisfaction des autorités locales, mais le problème restera entier pour les aérodromes existants, comme celui de Neuville», affirme M. Lorrain. L’ajout de toute activité commerciale, comme une école de pilotage ou de parachutisme, ou un changement à l’exploitation du site, comme la construction de bâtiments, «ne seront soumis à aucune obligation auprès des autorités ou intervenants concernés», maintient-il.
Le porte-parole de Neuville Aéro, Jean-Marc Carpentier, affirme que «c’est une excellente nouvelle», car elle balise de façon formelle une manière de procéder et répond ainsi aux critiques des opposants. «C’est un pas dans la bonne direction. Pour nous, ce n’est pas vraiment nouveau, c’est comme ça qu’on a procédé même si la formule n’existait pas il y a quatre ans», déclare-t-il M. Carpentier qui note que l’exploitant ou le promoteur, plutôt qu’un organisme extérieur, sera responsable de la consultation.
Tout en reconnaissant l’obligation d’encadrer les aérodromes afin d’intégrer leurs activités dans des milieux de plus en plus urbanisés, le fédéral veut protéger l’apport économique du secteur, note-t-on dans le projet de modification.
L’instance souligne également vouloir protéger ces «moteurs pour l’économie des collectivités avoisinantes» qui, prévoit-il, investiront davantage que les aéroports internationaux d’ici 2030. Le Canada compte 13 aéroports internationaux et 7000 aérodromes, dont 2000 enregistrés.