Déstabiliser pour mieux démobiliser

Par cpierredrolet

Dans cette tempête de compressions et de restructurations, où «tout le monde doit faire sa part», l’État employeur n’est-il pas en train de préparer les esprits à un effort encore plus grand de la part de ses employés, les présumés « gras durs» dont la rémunération globale est inférieure à celle équivalente du secteur privé?

Pour en arriver à ses fins, le gouvernement déstabilise le secteur de la Santé et plus récemment celui de l’Éducation. En forçant les fusions dans ces domaines, il place les employés dans une très grande insécurité et «occupent» les syndicats dans ce temps fort de mobilisation.

L’inquiétude est grande chez ces travailleurs du secteur public qui n’auront pas la tête à la négociation. En jouant dans les listes d’ancienneté, en modifiant éventuellement les conventions collectives, ces fusions créent une instabilité propice à la démobilisation.

Tous ces arrimages difficiles placent l’État employeur en situation de force. Dans un tel contexte, il ne faudra pas se surprendre que le gouvernement soit en demande dans le domaine de la rémunération. Vu les sommes importantes que cela représente, ne sera-t-il pas tenté d’imposer des baisses salariales ou, au mieux, un gel pour les premières années des prochaines conventions collectives?

N’oublions pas que les employés du secteur public ne vivent pas sur une autre planète. Ils subiront les mêmes compressions et les mêmes  hausses de tarifs imposées par le gouvernement. Cependant, même s’ils ont connu de fortes compressions dans le passé, on leur demandera plus encore à l’avenir: on exigera d’eux qu’ils contribuent, à même leurs conditions de travail et leur salaire, aux objectifs d’austérité de ce gouvernement. Travailleurs du secteur privé, seriez-vous d’accord à renoncer à vos augmentations de salaire ou encore à accepter un gel et remettre ces argents au gouvernement? Si vous répondez non à cette question, vous êtes en mesure de comprendre dans quel merdier se retrouveront vos confrères du secteur public.

Marcel Perron

Neuville

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