L’UPA de Portneuf dit non au pipeline

Photo de Steeve Alain
Par Steeve Alain
L’UPA de Portneuf dit non au pipeline

Plus de 240 propriétaires de terres agricoles et forestières sont concernés directement par Énergie Est dans la MRC de Portneuf. Selon Philippe Alain, président de l’UPA Portneuf, il s’agit de la MRC la plus touchée en nombre de propriétaires.

Charles Trottier, de Deschambault-Grondines, verrait ses terres traversées par le pipeline, sur une distance de 6 acres sur la ferme familiale et sur 4 autres acres sur la terre de la Fromagerie des Grondines, dont il est copropriétaire.

M. Trottier s’oppose fermement au projet. «Oubliez ça, vous ne passerez pas. Revenez me voir quand vous aurez toutes les signatures de Fort McMurray à [la raffinerie] Irving [au Nouveau-Brunswick]», a-t-il lancé au représentant de TransCanada.

S’il n’a pas le choix, le producteur a dit à l’employé de TransCanada qu’il commencerait à discuter d’un droit de passage à partir d’un montant de 400 000$, suscitant son étonnement. «Pour 30 ans de travail, ce n’est pas trop cher. C’est 400 000$ pour celle-ci, mais aussi pour l’autre de la fromagerie», a ajouté M. Trottier. 

La ferme de Charles Trottier est occupée depuis 1922 par sa famille et certifiée biologique depuis 1998. Le producteur craint pour la perte de certification en cas de déversement de pétrole suite à un bris de l’oléoduc. 

«Nous avons mis de l’énergie pour obtenir la certification biologique. Il y a des notes à notre dossier seulement si un tracteur a une fuite sur le sol. Ce qui va voyager [par le pipeline] est hautement corrosif», signale-t-il.

M. Trottier se souvient encore de l’installation du gazoduc au début des années 1980 et du dynamitage nécessaire dans son secteur. Les explosions ont projeté des roches sur les terres, des roches que les agriculteurs ont dû retirer des sols. «On ramasse encore des pierres dans les champs aujourd’hui», affirme-t-il.

M. Trottier ajoute qu’aussitôt le tuyau installé, il ne serait plus chez lui près des emprises. «S’il passe de la machinerie au-dessus de l’oléoduc, il faudra informer Trans-Canada. On n’est plus chez nous», corrobore Philippe Alain.

L’Union des producteurs agricoles (UPA) demande que le pipeline soit enfoui plus profondément que prévu. Le projet actuel ne permettrait pas la culture de la luzerne sur l’emprise. Selon M. Alain, plusieurs producteurs de la région seraient affectés par cette interdiction. «Il y a plein d’irritants. Nos craintes sont légitimes, pas farfelues», affirme M. Trottier. 

Selon le producteur, il est inconcevable de laisser passer un pipeline de pétrole au Québec, alors qu’un changement se dessine avec le passage des véhicules à combustion vers les véhicules électriques dans plusieurs pays. 

«Il y a moyen de faire autrement. La transition est difficile, mais on est là. Il faudrait que le gouvernement du Québec se positionne», mentionne M. Trottier.

Selon M. Alain, l’UPA est opposée au projet, mais continue de négocier la meilleure entente possible pour ses membres puisque le gouvernement canadien a le pouvoir d’exproprier.

L’ONÉ amorce son examen

L’Office national de l’énergie (ONÉ) a amorcé officiellement son examen du projet d’oléoduc Énergie Est le 16 juin.

L’analyse devrait durer 21 mois. L’ONÉ remettra ensuite, au plus tard le 16 mars 2018, un rapport au ministre des Ressources naturelles du Canada, précisant si le projet devrait aller de l’avant et recommandant les conditions qui s’appliqueraient dans ce cas. Le gouvernement fédéral étudiera le rapport et rendra ensuite sa décision

L’audience sera lancée le 8 août à St John, au Nouveau-Brunswick. Suivra des arrêts au Québec, en Ontario, au Manitoba, en Sasktachewan et en Alberta.

Durant le processus d’examen, des membres de l’Office devraient aussi se déplacer le long du tracé du pipeline pour recueillir les commentaires des citoyens, même ceux de gens non inscrits comme participant aux audiences.

Le pipeline Énergie Est, d’une longueur de 4 500 km, pourrait transporter chaque jour 1,1 million de barils de pétrole brut de l’Alberta et de la Saskatchewan jusqu’au Nouveau-Brunswick.

Partager cet article