L’avenir sombre de deux sinistrés à Donnacona

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Par Denise Paquin
L’avenir sombre de deux sinistrés à Donnacona

On n’entend ni le carillon de la porte ni le bourdonnement des frigidaires quand Jean-Pierre Gauthier entre dans son Dépanneur Unisoir. C’est plutôt une âcre odeur de suie qui vous accueille. Les vitrines barbouillées laissent filtrer un peu de lumière. Elle se projette sur le plafond et les murs en lambeaux, les étagères sens dessus dessous, l’escalier carbonisé. C’est aussi en noir que M. Gauthier entrevoit son avenir depuis qu’un incendie a détruit son commerce le 2 janvier.

«J’étais en train de servir un client vers 5h du soir quand il y a une déflagration, une boule rouge [est sortie] du panneau électrique. J’ai appelé le 911 et on m’a dit: “Tu sors de là tout de suite.” Quinze secondes après, il y a eu une autre déflagration. J’ai eu juste le temps de changer mon truck de place. À la troisième déflagration, la porte a ouvert et la boucane est sortie. C’est une perte totale. Je n’ai plus rien», a relaté Jean-Pierre Gauthier rencontré mardi dernier sur les lieux du sinistre.

Les frigos vides et endommagés témoignent de la désolation. Photo – Denise Paquin

En moins de deux heures, lui et sa femme, Christiane Gingras, ont perdu leur commerce, leur gagne-pain et celui de leurs cinq employés.

Le couple assure qu’il veut relancer son entreprise le plus rapidement possible, mais la situation est particulière. L’édifice des 485 et 487 de la rue Notre-Dame, qui abrite aussi Triport Portneuf, appartient à un homme d’affaires de Montréal. «Il passe six mois en Chine. Il devrait revenir en mai, mais on vient de savoir qu’il a été rejoint par la compagnie d’assurance. On ne sait pas trop ce qu’il va faire», explique M. Gauthier.

L’homme ne voit pas comment il pourrait rouvrir  les portes de son dépanneur: «Il n’y a pas vraiment d’autre local dans le coin», dit-il. C’est pourquoi il estime n’avoir d’autre choix que d’attendre la décision du propriétaire de l’édifice.

Le feu a carbonisé l’arrière-boutique où se situait le panneau électrique. Il a fallu soutenir la structure de l’étage pour qu’elle ne s’écroule pas. Photo – Denise Paquin

La bâtisse de 550 mètres carrés construite en 1946 vaut près de 210 000$ au rôle d’évaluation foncière. Son propriétaire pourrait décider de rénover ou de la démolir, tout dépendra des assurances. Peu importe la décision, il faudra des mois avant que M. Gauthier et Mme Gingras soient fixés sur leur avenir.

Jean-Pierre Gauthier se réjouit au moins que les trois sinistrés soient assurés avec la même compagnie, ce qui pourra peut-être accélérer le dédommagement. Elle a déjà indemnisé ses inventaires. Il estime ses pertes à plus de 150 000$.

M. Gauthier souligne que le plus difficile pour lui et sa femme, ce sont les rumeurs. «Il y a des gens qui disent que c’est nous qui avons mis le feu. C’est ce qui nous fait le plus mal», affirme-t-il. Le rapport du service d’incendie est pourtant formel: l’incendie a été provoqué par un court-circuit dans le panneau électrique.

 

«Il y a des gens qui disent que c’est nous qui avons mis le feu. C’est ce qui nous fait le plus mal» – Jean-Pierre Gauthier

 

À la Ville de Donnacona, le directeur Sylvain Germain a invité M. Gauthier et Mme Gingras à contacter le maire Léveillée s’ils ont besoin d’aide. «Nous n’étions pas au courant de ces faits-là. S’ils ont des représentations à faire qu’ils viennent nous voir», a-t-il déclaré.

Un père Noël au visage noirci rappelle que le temps des fêtes n’était pas encore terminé quand l’incendie a eu lieu. Photo – Denise Paquin

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