Jean-Claude Tico Petit, gardien de la tradition musicale

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Par Francis Beaudry
Jean-Claude Tico Petit, gardien de la tradition musicale

Le temps froid est à nos portes et il sera bientôt temps de nous réfugier dans nos chaumières en famille, comme chaque année au temps des Fêtes. Jean-Claude «Tico» Petit connaît bien cette période, lui qui fait maintenant partie de la tradition musicale de Portneuf. Celui a a été sacré Porteur de tradition par la MRC de Portneuf lors de la remise des Prix du patrimoine le printemps dernier roule sa bosse et fait danser le monde depuis qu’il est tout jeune. «On fait de la musique depuis que je suis jeune. Dans ma famille, presque tout le monde jouait chez nous», se remémore-t-il.

C’est avec une émotion évidente que l’accordéoniste Jean-Claude Petit avait accepté le prix de Porteur de patrimoine lors de la remise des Prix du patrimoine de la MRC de Portneuf le printemps dernier. Photo – Courrier de Portneuf Archives

Habitué des soirées de danse, Jean-Claude Petit et sa famille ont eu beaucoup de travail durant leur jeunesse. Ils ont formé un orchestre, qui a joué un peu partout pendant 25 ans. «On a joué dans les mariages, les soirées dans les maisons privées. On a visité tous les hôtels», raconte-t-il. Très prolifique, l’orchestre de Tico a été très présent aux soirées de danse. «Certaines personnes ont dû nous réserver un an d’avance. Des étés, on avait 65 spectacles réservés, il n’y a pas 65 samedis en été!» lance-t-il en riant. Durant sa carrière de musicien, il a aussi eu l’occasion d’aller jouer en France, avec une troupe de danse traditionnelle. Autodidacte à 100% et musicien «à l’oreille», Tico Petit adore jouer de la musique pour faire danser les gens. À l’aide de son accordéon, de sa «musique à bouche», de ses quelques habiletés en piano et en guitare, il a toujours eu un intérêt pour la danse. «Le premier album de musique que j’ai enregistré c’était un disque qui venait avec des instructions pour la danse traditionnelle», dit-il. Comme musicien, Tico Petit aime beaucoup plus la danse que les spectacles de pure musique. «Quand on fait danser les gens, il y a toujours un peu de bruit, les gens parlent et c’est moins grave si on fait une fausse note», explique-t-il en riant. En s’inspirant de la musique autour de lui, de ce qu’il a toujours entendu à la radio, Jean-Claude Petit a réussi à se créer un répertoire de musique tout en conservant son propre style. «On n’avait pas de tourne-disque à la maison. Pour faire danser les gens, on devait penser à une mélodie et construire autour pour que les gens aient leur quadrille», se remémore-t-il. Une collaboration tout Saint-Basile Le 11 novembre dernier, dans le cadre du festival de musique traditionnelle des Tambours de Portneuf, Tico Petit a eu l’occasion de lancer son second album. Intitulé «L’accordéon basilien», ce CD est le fruit d’une collaboration entre Jean-Claude Petit et Denis Pépin, un autre accordéoniste originaire de Saint-Basile. Enregistré en deux jours, l’album a été conçu et joué en symbiose. Il compte 12 pièces de musique traditionnelle québécoise et irlandaise, dont deux compositions de M. Petit lui-même. Enregistré à l’École de musique Denys-Arcand de Deschambault, le disque est une collaboration entre le maître et l’élève puisque Denis Pépin avoue s’être inspiré de Jean-Claude Petit lorsqu’il a appris l’accordéon. Le respect mutuel est le ciment de ce travail d’artistes. Tout au long de l’entrevue, M. Petit ne peut s’empêcher de rappeler à quel point il aime le jeu d’accordéon de son collaborateur. Il souligne également que l’enregistrement d’un album est un processus très différent que celui de jouer devant un public. «On doit en donner beaucoup plus pour s’assurer de bien jouer. Denis et moi, on avait une idée d’où on s’en allait, mais il fallait composer ensemble pour s’assurer d’être sur la même page», explique-t-il. Une affaire de famille Connu par beaucoup de gens dans le milieu de la musique traditionnelle, Tico Petit est encore en demande de nos jours. Il a notamment joué sur la scène du Noël d’antan de Cap-Santé en compagnie de six autres musiciens traditionnels. Il s’agit d’un des rares engagements qu’il accepte durant le temps des Fêtes. «Les gens me demandent parfois de venir jouer chez eux dans leur party de Noël, mais j’aime moins ça jouer seul alors je refuse la plupart du temps», plaide-t-il. Par contre, Tico Petit aime toujours apporter son accordéon dans les veillées de famille et en faire profiter ses proches. Si Jean-Claude TicoPetit ne connaît pas tout le monde dans l’univers de la musique traditionnelle, mais il espère «que les jeunes puissent continuer à faire vivre cette musique». Il est d’ailleurs une source d’inspiration pour beaucoup de ces «jeunes qui poussent», qu’il s’agisse des musiciens qui gravitent autour de l’École de musique Denys-Arcand de Deschambault ou du groupe punk-trad Carotté.

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