La perte d’une mère

J’ai déjà évoqué dans cette chronique, le cas d’Éloïse Dupuis, décédée après avoir refusé une transfusion sanguine pour des raisons religieuses. Cette histoire est revenue dans l’actualité suite à la publication du rapport du coroner. Ce dernier affirme que cette témoin de Jéhovah avait le droit de refuser la transfusion. Madame Dupuis était à l’hôpital, sous les soins d’une équipe médicale. Le personnel en question avait l’obligation légale de tout faire pour garder en vie cette jeune femme qui venait d’accoucher. Cette intervention comprenait une transfusion sanguine, On connaît la suite : invoquant des raisons religieuses et la volonté d’un dieu matricide, la patiente a obéi aux élucubrations des adeptes de cette secte créée par un américain illuminé. Leur dieu doit adorer les orphelins car l’enfant né ce jour-là a perdu sa mère sans jamais l’avoir connue. Le père, aussi sous l’emprise de ces coeurs insensibles, a laissé faire. Seule une tante, lucide, a tenté l’impossible pour convaincre les autorités médicales de faire leur devoir, mais en vain. Le coroner a conclu que madame Dupuis a décidé de mourir pour répondre aux exigences de sa foi mais sans la présence d’autres témoins de Jéhovah, donc, sans influence indue. Il ne s’est pas questionné sur une possible emprise permanente de gourous sur cette femme. Personnellement je crois que madame était aliénée et conditionnée à croire que les ordres d’hommes ayant vécu il y a trois mille ans devaient être suivis à la lettre, peu importe le degré d’ignorance de ces primitifs. En somme, le coroner a conclu que cette jeune mère était libre de croire qu’elle devait mourir et que parce qu’elle invoquait des raisons religieuses, les médecins ne pouvaient pas aller contre sa volonté. Personne n’a invoqué le droit de l’enfant d’avoir une mère à ses côtés pour l’aimer, le consoler, prendre soin de lui tout au long de sa vie d’enfant et même au-delà. Non, on s’est contenté de constater que la mère avait le droit de disparaître, peu importe les conséquences. Il est temps, je crois, que le législateur se penche sérieusement sur toute cette question. La vie d’une mère bien réelle et les droits d’un enfant bien vivant valent plus que les croyances de gens qui accordent plus d’importance à leurs fantasmes d’une autre vie après la mort. Les adeptes d’une religion méritent notre respect en tant qu’êtres humains mais nous ne devons aucun respect à leurs croyances lorsqu’elles ne sont pas respectables.

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