Parole d’immigrant !

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Par Denise Paquin

La levée de boucliers généralisée issue de partout au Québec a fait reculer le gouvernement : il n’y aura pas de commission sur le racisme systémique. Les Québécois francophones n’auront pas à subir cet exercice de culpabilisation mené par des groupes et des personnes qui n’attendaient que cette occasion pour nous présenter comme une nation fermée aux autres et malveillante. Comme si la défense de notre identité propre en terre d’Amérique était une manifestation de racisme et de xénophobie. J’ai pensé laisser parler un de ceux qui sont directement touchés par ce sujet, un immigrant. Il s’agit d’un ami de longue date, arrivé au Québec il y a plus de trente ans. Il m’a dit qu’il s‘était fait un devoir, dès son arrivée, d’apprendre et de maîtriser le français pour pouvoir entrer dans notre monde plus profondément qu’en se contentant de devenir un bon consommateur. À ce propos, mon ami mentionne que certains immigrants oublient qu’ils ont des obligations envers la société qui les reçoit et que l’effort d’ouverture à l’autre doit être réciproque. Cet immigrant a connu, bien sûr, des moments de vexation causés par des remarques que certaines personnes à l’esprit obtus lui ont adressées mais il soutient que dans la presque totalité des cas, il n’a rencontré que gentillesse et bienveillance à son endroit. Selon lui, le Québec est une des sociétés les plus accueillantes. Il ajoute toutefois qu’il comprend les inquiétudes que certains éprouvent devant l’afflux d’immigrants surtout si les structures d’accueil ne suffisent pas à l’intégration des nouveaux arrivants. Il insiste cependant sur le fait que ces nouveaux venus ont des devoirs envers la société d’accueil. Lui-même, par exemple, a lu quelques livres d’histoire du Québec, convaincu qu’en connaissant le passé d’un peuple, on en arrive à mieux comprendre son présent (une leçon que plusieurs d’entre nous pourraient retenir ! ). Combien de fois en l’écoutant, j’ai pensé qu’il était plus Québécois et plus fier de l’être que bien des nôtres, dits « de souche » ! Enfin, il m’a dit qu’il avait épousé nos valeurs pour ne pas être marginalisé et demeurer un éternel étranger. « En immigrant, dit-il, j’ai pris un train en marche qui venait d’ailleurs, et si je voulais faire un beau voyage, je devais rapidement connaître les us et coutumes des passagers et leur façon d’interagir… tout en leur rappelant que j’étais un petit nouveau et que je leur demandais un peu de patience ».    

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