Un voyage en Italie

Je reviens tout juste d’un voyage en Italie. Plus précisément, dans la région des Pouilles dans le sud, poussiéreuse, rocailleuse, inondée d’un soleil permanent dont la chaleur semblait fendre la terre. Là où pas un souffle de vent ne faisait frémir les oliviers et où la pierre gémissait de chaleur. Un voyage inoubliable dont les paysages restent gravés non seulement dans la mémoire mais dans les sens (il me semble encore humer l’huile d’olive, l’or de ce pays). Or, ce voyage ne m’a coûté que 13,95 $. Non, je n’ai pas oublié un zéro, vous avez bien lu : treize dollars quatre-vingt-quinze ! C’est le prix que j’ai payé pour le roman de Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta (Actes Sud, 2004). Les mots des deuxième et troisième phrases de mon texte en sont extraits. Au mois de mars dernier, à un ami qui me demandait où j’irais cet été, j’ai répondu : « je ne sais pas encore, je n’ai pas choisi mes livres de lecture pour les vacances ». L’été commence à peine, et je suis déjà riche d’un magnifique voyage en Italie. Il est fort probable que je fasse bientôt une incursion en Poésie Centrale avec Véronique Côté pour, ensuite, me rendre à New York, guidé par Paul Auster. C’est ainsi que je conçois la lecture en vacances et même au-delà de celles-ci : des voyages dans le temps, dans l’espace et même dans l’esprit des personnages rencontrés. Je ne suis jamais déçu et j’en ai toujours pour mon argent. Beau temps, mauvais temps. Il m’est arrivé souvent de superposer les voyages : apporter un livre en voyage. Je me souviens encore d’un roman de Milan Kundera que j’ai lu au Mexique : le texte m’avait   transporté en Tchécoslovaquie mais mon corps était resté bien ancré dans le sable chaud d’un bord de mer mexicain. Je suis certain que je retrouverais cette sensation d’une chaleur humide si je relisais ce livre chez moi aujourd’hui. Je suis profondément convaincu qu’il est possible quelquefois de mieux connaître un lieu par la lecture d’une histoire qui s’y déroule que par une incursion réelle mais superficielle d’un voyage touristique. Si j’avais un jour la chance d’aller au Chili, je suis certain que j’éprouverais des sensations de déjà-vu tellement j’ai parcouru l’oeuvre du grand Pablo Neruda depuis trois décennies. L’art de voyager s’apprend d’abord dans les livres. J’espère vous avoir transmis le goût de voyager cet été.

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