Trois jeunes victimes

Photo de Denise Paquin
Par Denise Paquin

Ils ont 8, 10 et 14 ans. Ils habitent Sherbrooke avec leur mère. Leur père, Raif Badawi, a été enlevé il y a cinq ans par les autorités saoudiennes d’Arabie et jeté en prison. Son crime ? Avoir blasphémé ! Il a été condamné à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet pour insulte à l’islam. J’ai déjà parlé de ce crime perpétré par l’État saoudien à l’égard d’un homme qui a simplement écrit qu’une personne a le droit de croire ou de ne pas croire. Si je reviens sur le sujet c’est pour faire écho à l’appel lancé ces jours-ci par les trois jeunes victimes de ce crime d’État.

Le mot blasphème vient du grec blasphémia qui signifie « parole impie », une parole qui outrage la religion. La sourate 33 du Coran dit : Ceux qui offensent Allah et son messager sont des maudits et ils seront pris et tués impitoyablement. Heureusement pour les enfants de Badawi, leur père a échappé à la peine de mort. Probablement parce que son cas a été rendu public car cette peine a encore cours officiellement . Mais n’allons surtout pas croire que l’islam a le monopole des peines abjectes. La Bible a précédé le Coran dans l’horreur : Que celui qui a blasphémé le nom du Seigneur soit puni de mort (Lévitique, 24:16).

Le texte des auteurs de la Bible est heureusement tombé en désuétude tout en restant inscrit dans ce livre sur lequel certaines personnes prêtent encore serment. Mais il en reste des vestiges même chez nous, dans nos lois. L’article 296 du Code criminel canadien prévoit toujours une peine de deux ans de prison pour toute personne qui se rend coupable de blasphème. Même si cet article n’est pas appliqué depuis 1926, il est impératif de l’abolir comme vient de le faire le Danemark. Ne serait-ce que pour envoyer un message à ce régime immonde avec lequel le gouvernement canadien a des relations très amicales.

Bien entendu, avec des contrats de ventes d’armes de 15 milliards de dollars, on comprend qu’on puisse détourner le regard et ne pas voir ni les coups de fouet, ni la prison dans laquelle croupit le père de trois petits Québécois. Notre vertueux Justin, qui approuve la vente d’armes en confondant des blindés avec des jeeps, pourrait peut-être délaisser un peu ses groupies et passer chez les enfants Badawi pour faire un selfie avec eux. Histoire d’envoyer un message du 150e aux Saoudiens !

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