Chantal Marcotte et «Kit Kat» sont allées à Londres!

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Par Mathieu Hardy
Chantal Marcotte et «Kit Kat» sont allées à Londres!

«“Kit Kat” s’en va à Londres!», s’est exclamée Chantal Marcotte, de Deschambault, la première fois que nous nous sommes parlé, en avril. Un mois et une escapade au Royaume-Uni plus tard, elle est encore étonnée que son dessin de chèvre ait fait autant de chemin pour être exposé dans une galerie d’art londonienne dans le cadre d’une exposition internationale.

Un dimanche matin d’avril, j’ai reçu un appel de Sylvie, une lectrice qui voulait me parler de son amie Chantal, de son cheminement et de son talent pour le dessin hyperréaliste.

Sans trop savoir de quoi il allait en retourner, j’accepte de rencontrer Chantal une semaine avant son départ pour Londres, où elle a participé à une exposition internationale de dessins réalisés avec des crayons à colorier qui était organisée par la UK Colored Pencil Society of America (UKCPS).

Lorsqu’elle m’a montré ses oeuvres, en particulier celle de la chèvre Kit Kat, j’ai réalisé que j’allais encore jouir du plaisir – coupable et pleinement assumé – d’exposer aux lecteurs du Courrier, à travers cette chronique, les réalisations méconnues de Portneuvois qui, autrement, resteraient dans l’ombre même s’ils font rayonner notre belle région. Merci, d’ailleurs, à tous les lecteurs qui m’écrivent leurs commentaires après avoir lu mes chroniques ou qui me suggèrent des rencontres toutes aussi palpitantes les unes que les autres. N’hésitez pas!

L’amour du dessin… et des animaux

D’aussi loin qu’elle se souvienne, Chantal a toujours dessiné. «J’étais toute petite et je dessinais tout le temps!», révèle-t-elle, sans pouvoir déterminer à quel âge cette passion l’a envahie.

Elle se souvient qu’à l’école, ses cahiers étaient toujours remplis de dessins dans les marges. Pas n’importe quels dessins, des chiens et d’autres animaux crayonnés au plomb.

Sa passion pour le dessin l’a même poussée à réorienter ses études collégiales. Après avoir commencé des études préuniversitaires en sciences de la nature, elle s’est inscrite en arts plastiques.

De nombreuses années après avoir mis sa passion de côté pour se consacrer à son travail d’horticultrice, le goût de dessiner lui reprend en 2014.

Et c’est là qu’elle découvre son faible pour les crayons à colorier. Comme ceux qu’utilisent les enfants du primaire, mais d’une qualité supérieure.

«Ça me trottait dans la tête! Je n’avais jamais dessiné avec des crayons à colorier. J’avais fait du dessin avec des crayons de plomb et de la peinture à l’huile. En voyant sur Internet tout ce qui se fait avec les crayons à colorier, je suis restée estomaquée», m’a-t-elle dit, installée près de sa table à dessin.

Elle a commencé avec une boîte de 60 crayons de marque Prismacolor. Aujourd’hui, sa collection compte plus de 900 crayons de couleur de cinq marques différentes.

Les dessins de Chantal sont hyperréalistes, au point où on peut croire qu’il s’agit de la photographie de laquelle elle s’est inspirée pour créer l’oeuvre qui en découle. «Je peux observer la photo assez longtemps avant de commencer. Je suis maniaque des détails!»

Après avoir esquissé son sujet sur du papier Bristol, elle dessine avec passion et patience les détails en ajoutant les couleurs de la plus pâle à la plus foncée. Elle a déjà consacré une quarantaine d’heures de travail à une seule oeuvre.

Art marginal

Le dessin au crayon à colorier est une forme d’art peu répandue au Québec et au Canada, mais qui est beaucoup moins marginale ailleurs dans le monde. Plusieurs associations artistiques ont été fondées pour redonner aux crayons à colorier leurs lettres de noblesse. En plus de la société du Royaume-Uni qui a organisé l’exposition à laquelle elle vient de participer, Chantal est membre de la Pencil Art Society du Canada, de la Coloured Pencil Society of America et de l’Australian Society of Coloured Pencil Artists.

«Kit Kat» à Londres

L’été dernier, Chantal a fait la rencontre de la chèvre Kit Kat alors qu’elle travaillait les aménagements paysagers de Ciment Québec, à Saint-Basile. Elle n’a fait ni une ni deux et a sorti son appareil photo pour croquer, sur le vif, un portrait de la chèvre aujourd’hui connue à travers le monde grâce à son art.

«Kit Kat» est son treizième dessin en trois ans.

L’an dernier, Chantal a gagné un autre concours et a vu deux de ses dessins publiés dans une revue spécialisée américaine, de quoi l’encourager à se surpasser.

«En 2017, j’ai décidé que je fonçais», m’a dit Chantal. Et c’est justement ce qui l’a poussée à s’inscrire, sur un coup de tête, à l’exposition de la UKCPS, qui avait lieu du 25 avril au 6 mai.

Chantal comptait parmi les 75 artistes sélectionnés par les juges et était la seule Canadienne à y participer.

De cette aventure à Londres qui lui a permis de faire le plein de rencontres marquantes et de remporter l’un des quatre prix «Highly Commended» parmi toutes les oeuvres présentées, Chantal garde une chose en tête. «Je retiens que tout est possible! C’est signe qu’il faut oser dans la vie», a-t-elle affirmé, encouragée par cette réussite et par les commentaires qu’elle a reçus sur sa page Facebook «Art by Chantal Marcotte» depuis son retour de Londres, où elle a séjourné pendant une semaine.

Lentement, mais sûrement, le dessin reprend, dans la vie de Chantal, la place qu’il occupait pendant sa jeunesse. Après Londres, elle rêve à d’autres expositions. En quête de défis, elle veut continuer à se perfectionner en essayant de dessiner, dans un proche avenir, des paysages et des natures mortes.

Sylvie, son amie qui me l’a fait connaître, avait bien raison. Chantal a beaucoup de potentiel. Et c’est pour ça que j’ai voulu lui permettre de vivre le début de son rêve le plus fou, celui «d’être publiée, pas juste un dessin, avec mon cheminement, mes oeuvres, ma technique». La consécration viendra lorsqu’une revue spécialisée lui offrira la même opportunité, ce qui ne saurait tarder!

«Kit Kat» est allée à Londres sur un coup de tête: c’est signe que tout peut arriver. Ne suffit que d’espérer…

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